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avant l’amour

J’eus un cri :

— Toi !… Toi ! tu n’as rien ! tu n’es pas blessé !

— Non, dit-il, mais j’ai grièvement blessé mon adversaire. Le médecin, cependant, espère le sauver. Il s’est enferré, l’imbécile ! Moi je ne lui voulais pas de mal.

Il vit ma pâleur, mon trouble et, radoucissant son visage :

— Maman ?

— Elle est au jardin.

— Dis-lui que je l’attends dans sa chambre. La joie de me trouver sain et sauf la consolera de mon départ.

— Tu nous quittes ?

— Immédiatement. La vie, à Paris, m’est impossible. Je suis par terre, désarmé, impuissant. Et dans la bagarre, tout est perdu… même l’honneur. Tu vois l’homme le plus haï et le plus injurié… Mais que t’importe tout cela ? Veux-tu appeler ma mère ?

L’entrevue entre la mère et le fils fut émouvante. Madame Gannerault revint toute dé-