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avant l’amour

Sourdement, il parlait, et sur cette force intacte, sur cette virile jeunesse, je voyais planer des menaces de mort. Maxime m’apparut couché dans un lit d’hôpital, au pays de la fièvre jaune ou, livide, étendu sur l’herbe d’une clairière, l’épée de Guillemin en travers du cœur.

— Que tout soit oublié ! dis-je. C’est mon plus cher désir. Je souhaite que tu vives et que tu sois heureux.

— Vœux stériles ! dit-il en souriant tristement. Toi, tu peux être heureuse. Je te remercie et je te promets tes lettres pour demain. Si je suis vivant, je te les remettrai moi-même, sinon mon ami Sidley te les apportera ici.

Maxime prit le dernier train. J’admirais cette maîtrise de soi dont il avait donné tant de preuves et qui m’apparaissait aujourd’hui comme une forme d’héroïsme, la sécurité du lutteur qui a combattu pour une cause, bonne ou mauvaise, et dédaigne la défaite comme il eût méprisé la victoire. En parlant de son départ probable, il était calme, presque enjoué. Du duel annoncé, pas un mot. Je lui savais