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avant l’amour

Je me taisais. Il fit quelques pas vers la porte.

Puis se tournant vers moi :

— Écoute, dit-il avec un effort visible… J’ai quelque chose encore à te dire.

— Parle.

— Si je survis, j’accompagnerai Sidley. Il a obtenu de son journal une mission en Guyane. Il me propose de le suivre… Je lui dois de l’argent… Je m’acquitterai. Mais, puisque je refais ma vie, puisque je jette mon passé derrière moi, je suis résolu à ne rien garder de ce passé, plus douloureux que tu ne peux le croire. Oh ! qu’il n’en subsiste rien !

— Alors ?

— Alors, je te rendrai tes lettres, ton portrait et cette tresse de cheveux que j’ai portée si longtemps sur ma poitrine. J’étais si bêtement sentimental ! Mes adversaires auraient peine à croire que ce même homme… Enfin, tu seras contente, libre, et tu me tendras la main sans rancune, pour l’adieu éternel.