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avant l’amour

sent les bruyères, décors jadis aimés et que les souvenirs faisaient redoutable, le visage muet de Maxime n’exprimait rien.

Je songeais :

« Il me parle amicalement. Il m’embrasse et il me hait. »

Avec le temps, avec l’apaisement et la sécurité, mon cœur calmé s’attrista de cette haine. Je m’étonnai même d’avoir ressenti si vivement le mépris que Maxime méritait. J’entrevoyais ma part de responsabilité. Je me rappelais Montauzat et tant de petits actes ou de pensées qui, justement, me rendaient honteuse. Je ne pouvais ni ne voulais excuser le jeune homme. Mais je souhaitais qu’il rachetât ses fautes par une vie laborieuse et droite. La publication d’un livre que je blâmais me fit souffrir.

« Ah ! s’il devenait simple et bon, nous pourrions être amis encore… Tandis que, dans l’avenir, nous serons fatalement séparés. »

Ce mot : l’avenir, en appelait un autre : le mariage.

Mais pouvais-je me marier, tant que Maxime