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avant l’amour

d’estimer mon amant qui semble aux femmes l’excuse et la raison de leurs faiblesses.

J’hésitais à me donner ; mais je ne voulais plus savoir Maxime aux bras d’une autre. Seule, je bornerais son horizon, j’emplirais son univers.

Il était assis près de moi. Il parlait avec une légèreté affectée et je le regardais sans l’entendre, curieuse de définir le charme nouveau que je trouvais dans ces yeux d’or, dans la fruste ciselure de ce brun visage, dans le ferme développement de cette poitrine où mon front s’était caché. Ah ! que je souhaitais m’attendrir, et non plus m’enivrer de ces caresses acceptées naguère malgré moi et reçues bientôt avec une docilité volontaire ! Était-ce le prestige du maître, le reflet de la volupté ou l’aube de l’amour qui baignait d’une si molle lueur les traits sans beauté de Maxime ? Tout à coup, une angoisse étreignit mon cœur. Mon être gémit dans le vœu de la protection et du refuge. Je passai mes bras au cou du jeune homme et je l’embrassai si tendrement qu’il fut ému.

— Chère petite !