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avant l’amour

paroles que j’avais prononcées, ces baisers que j’avais rendus, ce consentement ! Hélas ! je n’étais pas sûre que cet amour éclos sous les lèvres de Maxime fût autre chose qu’un violent et passager désir. — Mais si je m’étais donnée ?

Un frisson me secoua à l’évocation de l’odieuse image. Non, non, je ne voulais plus ! J’avais cédé aux suggestions du désir parce que j’étais jeune, forte, née pour l’amour et exaspérée par l’attente. Est-ce un crime ? Je ne sais. Les mœurs et les morales tolèrent ce qu’on appelle les libertinages des jeunes gens et imposent à notre sexe, comme facile et presque sans mérite, une hypocrite chasteté. Je ne suis pas plus coupable que l’adolescent qui tombe, un jour d’orage, dans les bras d’une fille, et cependant mon cœur est déchiré de regret !… Pleure, fille sans courage, capable seulement de demi-audaces et de demi-pudeurs ! Tu n’as pas osé choisir ta voie. Tu n’as pas trouvé le chemin qui conduit vers l’amour et tu n’as pas su l’at-