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avant l’amour

il me tendit la main par-dessus la table. Je serrai cette main en souriant. Mais comme j’ouvrais les lèvres pour questionner l’enfant prodigue, notre voisin le notaire tomba parmi nous, venant, disait-il, prendre le café sans façon. Maxime donna bientôt de tels signes d’impatience que ma marraine désolée me prit à part.

— Écoute, chérie, je ne puis congédier ce gêneur. Maxime s’ennuie. Je le sens et je le déplore, car il était très gentil ce matin. Sortez, promenez-vous ensemble. Je vous rejoindrai vers trois heures dans la sablonnière et tu me laisseras seule avec mon fils.

Une ardente rougeur me monta aux joues. Quoi ! madame Gannerault elle-même nous facilitait le tête-à-tête désiré ! Maxime m’appelait déjà. Je mis mon chapeau et, troublée d’une appréhension confuse, je suivis le jeune homme vers le bois.

Tant que nous longeâmes les fermes basses, à portée des regards et des voix, Maxime garda le silence. Le soleil pénétrait mes légers vête-