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avant l’amour

— Pourquoi ? dit-il avec un accent plus doux. Tu ne veux pas te laisser être heureuse.

— Maxime, il me semble que tu ne m’estimes pas.

— Ne dis pas de banalités. Je t’estime puis que je t’aime. Folle ! je suis enivré de toi… Ah ! reprit-il avec un éclair de férocité dans les yeux, si tu m’étais moins chère, de gré ou de force, je t’aurais prise. Ma déférence te garantit mon affection.

— C’est vrai. Pourquoi ne réussis-tu pas à me convaincre ? Je suis dans un trouble affreux.

— Et moi !… Si je n’avais la certitude de te conquérir sur toi-même, je te fuirais, Marianne. Ces baisers, ces baisers me font mourir ! Ton inexpérience de vierge ignore le supplice qu’elle m’impose… Je t’aime tant ! je t’épouserai, je t’emporterai. Nous serons heureux. Hélas ! nous pourrions l’être tout de suite. Ah ! madame de Charny, les journaux, la politique, l’élection de Guillemin, comme j’oublierais tout avec bonheur ! J’ai rêvé d’être riche, d’être fort,