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avant l’amour

ne me parle pas tant de délicatesse. Tu n’as pas le droit de me donner une leçon… Quand tu allumais Montauzat…

— Tu veux donc te rendre odieux ! m’écriai-je avec des larmes de rage.

— Ma chère, crois-moi, brisons la discussion. Tu me dirais des choses désagréables à entendre et je te répondrais dans le même style, sur le même ton. Je ne suis pas un ange, mais fichtre ! ne pose pas pour la candeur. Ça ne te sied guère, mignonne. Et puis, ajouta-t-il sans paraître remarquer mon indignation mal contenue, nous nous devons au moins l’indulgence. Réfléchis. Tu m’as donné des espérances précieuses. Je t’aime et je te veux ! entends-tu. Et je t’aurai ! Pourrais-tu m’oublier maintenant que j’ai baisé ta bouche, que j’ai appuyé ma tête sur ton cœur, sur tes genoux ? Crois-tu, enfant, que la possession consiste dans la suprême caresse que tu hésites à m’accorder ?

— Ah ! dis-je en cachant ma figure dans mes mains, je suis désespérée.