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avant l’amour

drais — à cœur perdu. Mais, Elle ! ne se doute-t-elle de rien ? Joues-tu si bien la comédie que son instinct ne l’ait pas avertie du péril ?

— Ah ! la malheureuse. Elle est jalouse, affreusement. Elle devine que j’ai changé. Elle a surpris des enveloppes de lettres… Scène épouvantable, colère, reproches, crise de nerfs… Ah ! ses visites ne me sont pas une joie, bien qu’elle se montre cent fois plus tendre que vous, petite rebelle…

— Et tu peux, tu peux rester son amant, en pensant à moi ? C’est cela qui me surprend et m’indigne.

Il eut un sourire énigmatique :

— Tu ne peux pas comprendre. Précisément, quand je voudrais t’oublier, je pense à toi. C’est toi que j’étreins, toi que j’embrasse.

— Tu es cynique.

— Je suis franc.

— Non, dis-je en repoussant son baiser, ce n’est pas ainsi que je rêvais d’être aimée… Un homme délicat…

— Ah çà ! dit Maxime, qui devenait nerveux,