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avant l’amour

mélancolie qu’il prit pour le trouble des premières voluptés et, tendrement :

— Je le sens, dit-il, maintenant, tu m’aimes !

J’étais presque étendue sur ses genoux. Ma tête reposait sur son cœur, et ses paroles glissaient avec ses baisers sur les ondes de ma chevelure.

— Tu m’aimes, tu m’aimes ! Oh ! Marianne, tu es à moi. Laissons s’achever le rêve. Savourons la félicité tout entière. Marianne… à moi !

Ses yeux se noyaient dans une langueur inconnue. Je le sentais brûler et frémir, et plus augmentait sa fièvre, plus se glaçait mon sang, plus grondait en moi un instinct de révolte, le désir de fuir, d’être loin, d’être seule. Éperdu, il ne mesura plus sa hardiesse. Mais déjà je me dérobais, je m’arrachais, à lui, convulsée et frissonnante ; je fondais en larmes, réfugiée sous les mousselines du lit.

— Enfant ! enfant ! murmura-t-il, à genoux, son bras pressant mes épaules. Ne pleure plus. N’aie pas peur. Je n’exige rien de toi… Oui,