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avant l’amour

plomate, publiés dans la Conquête, sous un transparent pseudonyme, avaient ému la presse officieuse. On accusait le mystérieux Pradès d’exciter les sentiments internationalistes par la révélation et la défiguration des petits mystères de la politique extérieure. Les mots de lèse-patrie, de crime social, furent prononcés sans que Maxime s’en émût. Il soutenait un candidat communiste, le tanneur Guillemin, fort honnête homme qu’embarrassaient un peu les procédés violents de son cornac. En lisant les articles de Maxime, où il affichait l’orgueil de sa pauvreté et de son désintéressement, j’oubliais les singulières théories qu’il avait mises en pratique. Et considérant son dévouement, sa persévérance, son amour que mes caprices n’avaient point découragé, je me persuadais que les défauts de Maxime n’étaient que l’excès magnifique de ses rares qualités.

Je ne lui disais point que je l’aimais. Cet aveu me semblait prématuré encore ; mais, confiante, je me laissais conduire vers l’amour.