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avant l’amour

Maxime absent, les assiduités de Montauzat reprirent leur ancien caractère. Cependant, j’y crus remarquer une nuance de déférence et de vague compassion. La maison était plus morne que jamais. Mon tuteur souffrait de points au cœur, d’oppressions, de fréquents vertiges. Sa femme, devenue inquiète, voulut consulter un grand médecin. M. de Montauzat s’entremit avec la meilleure grâce du monde auprès du docteur Marblet, son ami, qui consentit à soigner M. Gannerault dans des conditions toutes particulières… D’autre part, il me procura ma première élève, une gamine de douze ans, riche et prétentieuse, à qui j’enseignai les éléments de la musique, le solfège, un peu de piano.

— Vous semblez toute changée, mademoiselle Marianne, me dit-il un jour que le hasard nous réunit en tête à tête. Vous êtes pâle, silencieuse et soucieuse… Je suis certain que vous mourez d’ennui.

— Je ne m’ennuie pas, répondis-je. Mais n’ai-je pas le droit et le devoir d’être grave