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avant l’amour

pourtant mes paroles, mon attitude, je ne sais quel morne et bref délire semblaient m’avoir promise à lui…

J’imaginai ses pensées, ses vœux, la fièvre de sa nuit triomphante… Il fallait m’expliquer, m’excuser, le détromper ! Quelle humiliation !… Et surtout il fallait suspendre notre correspondance, rompre notre périlleuse intimité, oublier le mauvais rêve de ces dernières semaines. Certes, Maxime m’était cher et je souffrais de la souffrance même que j’allais lui infliger ; je mesurais la chute de l’espérance à la déception, après l’inutile supplice de Tantale imposé longtemps à son désir… Mais je ne pouvais me donner par pitié, par ennui, par dépit, par scrupule. Un instinct tout-puissant m’avertissait que je devais me garder pour l’amour… Hélas ! le sentiment que j’éprouvais n’avait ni la sérénité de l’amitié, ni la plénitude de la passion ; il oscillait de l’une à l’autre, misérablement mobile et indécis. Certaines taches me gâtaient le caractère de Maxime. Je ne pouvais le chérir avec une