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avant l’amour

Maxime, et je me promettais de ne point irriter la passion naissante prête à déchaîner sur lui d’inutiles douleurs. Il était l’ami, le sûr confident qui satisfaisait un des besoins de mon âme et mettait dans ma vie monotone le prestigieux intérêt de son roman. Les jours qui suivirent notre arrivée à Paris, je l’observai avec la plus ardente curiosité, mais le premier billet qu’il me remit, prudemment fraternel, déconcerta ma vanité prête au triomphe. Puis, après quelques semaines de correspondance, les lettres de Maxime, ses visites mêmes s’espacèrent. Je feignis de ne point remarquer son visage durci, ses attitudes contradictoires, pressentant une victoire de l’ancien amour, l’influence de la maîtresse retrouvée et reconquise. Ma vanité s’émut. Je doutai amèrement d’être aimée et le désir me vint, puéril et cruel, de forcer Maxime à m’avouer sa défaite. De nouveaux amis fréquentaient le salon des Gannerault. Certains me courtisaient avec une audace prudente. Un gentilhomme riche et maladif, M. de Montauzat, m’honorait de galanteries où