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avant l’amour

— Oui, tu es bien gentille, dit-il en lâchant ma main et en se levant, et je suis, moi, bien ridicule. Allons, Marianne, au revoir. N’oublie pas de m’écrire. Il faut que tu t’en ailles, papa s’impatienterait.

Il souriait, hautain et tranquille, mais je n’étais pas dupe de sa fausse sérénité. La porte refermée sur moi, au milieu de l’escalier, je me surpris à prononcer tout haut avec stupeur :

— C’était cela, c’était donc cela !

Par la fenêtre grillée j’apercevais mon tuteur empilant les pommes dans un panier, sur l’herbe jaunie de la pelouse. La servante secouait les branches. Madame Gannerault, assise sur un pliant, les regardait. Et il me semblait que je prenais contre elle et contre lui une revanche inespérée et terrible. J’étais sûre que Maxime m’aimait.