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avant l’amour

sensualité masculine, la curiosité de tous deux. Parfois grondaient tout bas ces voix discordantes que l’amour seul rend harmonieuses. Je me plaisais à être belle, je me plaisais à être bienfaisante, parce que je ne savais où ni pour qui épanouir ma jeune beauté, exercer mes forces de tendresse. Maxime ne s’y trompait pas.

Le temps approchait où nous devions quitter les Yvelines. La pluie, les préparatifs de départ, des caprices de ma marraine me retinrent plusieurs jours à la maison. Maxime, entre ses parents et moi, se montra plus triste. Chaque matin, le courrier lui apportait des lettres mystérieuses. Je devinai l’impatience de madame de Charny. « Que doit-elle penser ? » me disais-je, pendant que Maxime, enfermé dans sa chambre, écrivait ou lisait assidument. « Il a espacé ses visites depuis un mois. Il lui écrit des billets ennuyés et raisonnables.

Si elle l’aime, elle doit souffrir. Mais pourquoi une femme de quarante ans s’éprend-elle d’un si jeune homme ? Elle doit être