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avant l’amour

semblait l’apaiser. Chaque jour se resserrait l’intimité charmante. Des étrangers auraient pu s’étonner. Mais en courant au rendez-vous matinal, en pressant la main de Maxime, en prolongeant les entretiens et les promenades, je demeurais calme comme une sœur. Cette tendresse que je ressentais pour lui et qu’il voulait rare et exceptionnelle, les circonstances, sa volonté, mon ennui l’avaient fait naître. Elle pouvait ne pas précéder l’amour ; elle pouvait lui faire obstacle. Goûtant le plaisir d’être aimée, plus que le bonheur d’aimer, j’étais tendre pourtant par instinct, par besoin, par reconnaissance. Je ne jugeais point celui qui m’aidait à trouver la vie moins monotone. Je lui étais douce avec orgueil. Innocemment, j’apprenais à me servir de mes armes de femme, à conquérir le cœur de l’homme, à séduire sa conscience, à modifier sa décision, à éveiller ses désirs. Chastes étaient nos attitudes et chaste ma pensée ; mais l’ambiguïté du sentiment qui nous unissait irritait en nous d’obscurs éléments : la vanité féminine, la