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avant l’amour

Je murmurai :

— Qui sait ? J’aime encore Rambert.

— Comment ! fit Maxime en fronçant les sourcils. Tu ne t’es pas guérie de cette petite rougeole d’âme, de cette petite maladie de gamine sentimentale ?… Dans six mois, tu l’auras oublié, ton Rambert… Quoi !… Tu pleures ?…

Il arracha une touffe d’herbes, et riant, me la jeta au visage.

— Tu vas t’enlaidir. Marianne, console-toi. Tu seras aimée, adorée, encensée… Tu marcheras sur les cœurs… Tu…

— Cesse tes plaisanteries… Tu m’irrites.

Je me levai ; je voulus repasser le ruisseau. Maxime fit un geste pour me retenir. Je m’élançai : un églantier retint ma robe et je glissai les pieds dans l’eau.

— C’est bien fait, criait Maxime.

Pleurant de colère, je m’assis sur la rive. Il s’approcha de moi.

— Tu ne t’es pas fait mal ?

— Non… mais j’ai les pieds mouillés. Mes pauvres petits souliers !…