Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
avant l’amour

mouvantes, une voix, tout à coup, prononça mon nom.

— Marianne !

Je relevai la tête. Maxime, au milieu du chemin, me regardait. Je me redressai violemment :

— Laisse-moi. C’est ta mère qui t’envoie sans doute. Je n’ai plus même le droit de pleurer.

— Ma mère est folle, dit-il. Je lui ai dit son fait et je suis parti à ta recherche, pauvre petite.

Je ne répondais pas. Il reprit :

— Si je te gêne, je m’en irai. J’aurais voulu te consoler pourtant, car tu me sembles bien malheureuse.

— Ah ! murmurai-je, j’ai tant de chagrin.

Il vint s’asseoir près de moi et, doucement, prit mes mains dans les siennes. Il est bien peu d’hommes qui puissent voir sans émotion les larmes d’une femme, quand cette femme pleure devant eux pour la première fois. Maxime fixait sur moi des yeux attendris,