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avant l’amour

haïssions point le nôtre ? Et ton cœur ne sera-t-il point notre complice si nous promettons à la femme la réhabilitation et la liberté de l’amour ?…

Je détestais d’instinct les passifs, tout près d’être des lâches. Les opinions de Maxime étaient bien faites pour enivrer une âme de dix-huit ans que l’observation précoce avait mûrie sans lui enlever le pouvoir et le désir de croire fortement — fût-ce à des chimères. J’entrevis un monde bouleversé et harmonieusement rétabli, une société où les filles porteraient leur dot dans la douceur de leurs yeux et la tendresse de leurs cœurs, où chacun aurait sa part d’amour et de vie. Ainsi je formais des souhaits de femme dont mon rude camarade, parfois, souriait. Et sans douter qu’il fût sincère, je l’admirais et je l’encourageais.

Cette admiration, cette sympathie restaient tout intellectuelles. Bientôt une reconnaissance plus tendre s’y mêla. Maxime avait pris ma défense contre sa mère, souvent jusqu’à l’exas-