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avant l’amour

pierre à pierre le vieil édifice des principes et des lois. Et Maxime lui-même m’attirait, non par un charme de tendresse, mais par la secrète certitude de trouver en lui un allié, peut-être un défenseur. Sans rien connaître de sa vie sentimentale, je le devinais aigri comme moi, blessé comme moi, implacable adversaire des idées, des mœurs, des croyances, au nom desquelles on me persécutait.

J’avais été un peu effrayée, d’abord, de ses diatribes et peu à peu je convenais qu’il n’avait point tout à fait tort, puis qu’il devait avoir raison. Il me montrait l’injustice et l’hypocrisie établies par le règne de l’argent dans ce monde bourgeois dont nous avions tous deux subi la contrainte, sans en accepter l’esprit. Le grand mot de liberté éveillait dans mon cœur ces généreuses émotions qui honorent la jeunesse.

— Ne t’épouvante pas, me disait-il, quand mon père maudit ces révoltés dont je suis et dont tu seras peut-être. Le brave homme chérit son joug. Est-ce une raison pour que nous ne