Il devenait taquin. Vexée, je changeai la conversation.
Presque aussitôt les Gannerault survinrent. Aux caresses exaltées de sa mère, aux questions inquiètes de son père, Maxime répondit en homme préparé d’avance à toutes les éventualités. Il avait quitté M. de Charny parce qu’il s’ennuyait à l’étranger ; parce que l’ambassadeur le traitait quasi en domestique, parce qu’il voulait faire sa vie, seul et indépendant.
— D’ailleurs, ajouta-t-il d’un ton de défi, je ne demande rien à personne. J’ai des économies. Un journal m’est ouvert. Je rapporte des documents curieux et qui pourront inquiéter bien des gens. Je serai craint. C’est une force.
— Et ce journal ?
— La Conquête.
Mon parrain posa sa fourchette. L’émotion l’étranglait.
— La Conquête… ce journal que… qui… que je qualifierai de perturbateur… qui raille… qui bafoue… la société, la propriété, la famille ?…
— Eh ! mon cher père, dit Maxime d’un air