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quelque farce d’étudiant ! On n’est pas myope à vingt ans ! Et quatre francs de lunettes sont une dépense excessive !

Et le tabac ! On fume ! Et on fume dans des pipes « en écume garnies d’argent ! » Dans des pipes « de seize francs ! » La voilà bien la vie folle ! Et ce n’est point ainsi qu’on devient maire et qu’on peut aspirer à se faire nommer sous-préfet.

M. Leconte de L’Isle fut moins ému que M. Louis Leconte ne l’avait pensé à la lecture de la lettre qui contenait ces commérages. Cette myopie n’était point si « prétendue ; » son père et son frère avaient été myopes, rien n’empêchait donc que son fils eût « la même infirmité. » C’était tellement prévu même qu’au moment du départ, il avait « recommandé à Charles de ne jamais travailler sans être éclairé par deux grosses chandelles. » Quant au tabac, le père ne l’acceptait pas aussi facilement que les lunettes. Pour ce qui est de « cette singulière habitude de fumer, je n’en reviens pas, écrivait-il ; sévère jusqu’à la rudesse, c’est la dernière manie que j’eusse permise, moi qui la considère comme la plus propre à éloigner un homme de la société des femmes, la seule agréable selon moi : moi qui n’avais jamais voulu lui permettre de la contracter !