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les surveillaient de leurs fenêtres et en causaient entre elles, le lendemain. Le plus souvent, rentré chez lui vers onze heures, Brizeux travaillait jusqu’à deux et trois heures du matin ; aussi restait-il au lit très tard, ne se levant guère avant dix heures, autre sujet d’étonnement pour les gens de Scaër.

C’était bien là, d’ailleurs, les façons d’un Parisien, d’un paòtr Paris, comme on l’avait surnommé tout d’abord avec quelque méfiance ; mais la bonté de Brizeux, en dépit de son costume et de ses habitudes de citadin, devait bientôt, au bourg et dans les villages, le faire accepter non plus comme un étranger, mais comme un hôte. Le poète l’a constaté lui-même.

Le soir où j’arrivai, le chien noir dans sa loge
Aboya. Les deux chats accroupis sous l’horloge
Hérissèrent leurs poils et l’enfant réveillé
Dans son berceau se prit à vagir effrayé.
La fermière sur moi fixait un œil farouche…
Si j’arrive, aujourd’hui, le rire est sur la bouche ;
L’enfant me tend les bras au bord de son berceau,
Le chien sur mes genoux vient poser son museau.
Sur la cendre à mes pieds les chats viennent de même ;
Les voilà tous amis de celui qui les aime.

Et c’est à la bonté de Brizeux qu’il faut attribuer ce miracle : à sa bonté, à sa simplicité. Il avait, presque dès le premier jour, essayé