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un dortoir. ; il y avait quatre lits, et, souvent, pendant la nuit, la porte s’ouvrait bruyamment pour laisser entrer des compagnons de chambrée : marchands, colporteurs, rouliers, saulniers, rien moins que des poètes.

Brizeux a fixé le souvenir d’un de ces hôtes de l’auberge :

Courbé sur un ballot et traînant un bâton,
Quand l’Auvergne vit-elle arriver un Breton ?
Mais toujours le vieux Jean nous vient de sa montagne,
Sans plaindre son chemin et son labeur, s’il gagne.
Plus vieilli, plus cassé, Jean revient tous les ans.

Du moins, pendant le jour, ces nomades allaient à leurs affaires et laissaient le poète à ses vers, qu’il écrivait auprès de la lucarne ouverte. On finit pourtant par obtenir du propriétaire quelques carreaux de verre, et Brizeux, y voyant plus clair, put narguer le froid et la pluie.

Plus tard, il prit une chambre dans la maison d’une Mme Debureau, près de l’église[1]. Le cimetière était devant lui.

Si jamais vous cherchez la maison du poète,
Près du clocher du bourg ma rustique retraite
S’abrite, et devant moi, sous leur tertre allongés,
Silencieux amis, les morts restent rangés…

  1. En 1903, une plaque commémorative a été posée, à Scaër sur une des maisons habitées par Brizeux.