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BRETONS DE LETTRES

Depuis, je ne l’ai revu qu’à de rares intervalles. Mon milieu artistique devint tout autre et mes amis de lettres ne se trouvaient guère sur le chemin de l’Arsenal. Car si le poète des Heures d’Amour manquait de sympathie pour les poètes du Parnasse, ceux-ci le lui rendaient avec usure et les premiers torts étaient de leur côté. Je me suis reproché depuis, non pas d’avoir quitté la voie poétique où ce premier directeur de ma conscience littéraire aurait voulu m’engager ; la voie que j’ai suivie était celle qui me sollicitait naturellement et je suis reconnaissant à Leconte de Lisle et à Heredia de m’y avoir introduit en me tendant la main, mais j’ai un vrai regret de n’avoir pas manifesté plus ouvertement — j’étais si peu démonstratif alors ! — la sincère reconnaissance que je gardais toujours, en dépit des dissidences d’école, pour celui qui, le premier, à Paris, avait bien voulu s’intéresser à mes vers.

Hippolyte Lucas était d’une bienveillance extrême. Sa bonté, c’est le seul reproche que les méchants puissent faire à sa mémoire.

Elle ne désarma pas l’animosité de ses adversaires, car il en eut. Banville, qui fut un railleur et dont les railleries vivront dans ses Poèmes funambulesques, s’est attaqué au critique du Siècle, qu’il avait surnommé Guttière, du nom