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II. LUCAS AU TEMPLE DU CERISIER

tées. Une ou deux autres, curieuses de ma bizarrerie, se joignirent à elles pour me prier de venir prendre la place qui m’était réservée. J’en ai honte aujourd’hui, je refusai…

Je dus sembler étrangement mal élevé à tous ces Parisiens. Hippolyte Lucas était la bonté même ; il me pardonna mon inconvenance et sans doute il imagina quelque roman pour l’expliquer, un chagrin d’amour sans doute ; c’était la meilleure raison qu’on put donner, à mon âge. La vérité, la voilà.

« Prenez garde aux Parnassiens, » m’avait écrit et me répétait mon célèbre compatriote. Hélas ! les Parnassiens m’attiraient de plus en plus, et la maison de Leconte de Lisle faisait tort à l’Arsenal. Quelques conseils du Maître et de doctes leçons de Heredia m’avaient infiltré dans le goût le venin des mauvaises doctrines et mon idéal poétique s’était enrichi du culte de la forme. Hippolyte Lucas me reprochait doucement cet excès. Il accueillit cependant avec bienveillance mon premier volume Les Asphodèles, qui parut un an après et dans lequel, parmi les vers tout naïfs de la vingtième année, — on était encore naïf et spontané à vingt ans, en ce temps-là ! — se glissaient déjà quelques pièces dont la facture attestait mes progrès d’élève Parnassien.