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II. LUCAS AU TEMPLE DU CERISIER

Lucas n’a jamais été romantique ; il demeura persuadé, en dépit du mouvement de 1830, dans lequel il fut pourtant entraîné, que la forme classique suffisait à l’expression de tous les sentiments et de toutes les idées.

Le romantisme, qui avait été une mode, passa. L’heure vint pour la poésie de la mode parnassienne : et cette mode-là, le poète des Heures d’Amour ne l’adopta pas davantage. C’était bien impossible à son tempérament, mais ce qui semble plus impossible encore, il protesta toute sa vie contre les tendances nouvelles et il eut, lui, si clément d’habitude, une sorte d’animosité littéraire contre l’école et contre ses chefs. On en verra l’expression dans cette lettre qu’il m’écrivait :

« Mon jeune ami,

« Je conçois toutes les objections de vos parents contre la vie littéraire ; on m’en a dit autant jadis ; j’ai persévéré. Vous persévérerez aussi, parce qu’une fois qu’on a été mordu par le démon de la poésie, c’est comme si on avait été mordu par un chien enragé ; il faut subir la maladie ; pas de remède, la nature seule peut vous sauver, ou le hasard, ou, si vous le préférez, la Providence.

« Je vous l’ai répété plus d’une fois, si l’on veut réussir dans la vie littéraire, il faut du