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Après le dîner, la soirée s’achevait chez mon cousin, où, dans la fumée des pipes, le ciel et la terre étaient livrés, selon le mot de l’Évangile, disputationibus corum. Nos deux amis y avaient pour interlocuteurs, ou plutôt pour auditeurs, car c’était entre eux deux un dialogue, les convives de « la table des fonctionnaires, » et quelques amis qui se retrouvaient là : président du tribunal, lieutenant de gendarmerie, juge de paix, receveur de l’enregistrement, etc., les « honnêtes gens » dont parle Villiers, sans doute. À dix heures, considérant que la journée était finie, ceux-là se retiraient et regagnaient leur maison et leur lit. La journée était finie aussi pour mon cousin, se couchant tôt comme tous ceux que le travail doit éveiller de bonne heure. Pour Mathias, elle ne l’était pas encore ; elle allait commencer même, la vraie journée, celle des heures de nuit, de solitude et de travail.


Quelques-unes des pièces des Premières Poésies, ont été écrites pendant ces nuits. Celle qui a pour titre : À mon ami Le M…, reflète bien le trouble de l’âme de Villiers à son arrivée à Montfort.

Au moment de quitter son enfance fanée,
Quand l’homme voit enfin la terre moins ornée,