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d’eux, Ambroise Jausions, avec lequel des pourparlers avaient été engagés, se déroba comme les autres ; dès qu’il eut pris connaissance des premiers manuscrits. Les deux journalistes ne se tinrent pas pour battus ; ils firent sommation audit Jausions d’imprimer leur journal, offrant de satisfaire, — Duclos le pouvait sans peine, — à toutes les exigences et garanties pécuniaires. L’imprimeur, ayant persisté dans son refus, fut cité à comparaître devant le tribunal civil de Rennes, le 28 décembre 1842 pour être condamné à imprimer Le Scorpion, « à payer 1 500 francs à titre de dommages-intérêts aux demandeurs, plus 20 francs par jour de retard. »

Me Provins, l’avocat des deux « pamphlétaires, » se fondait sur l’article 7 de la Charte de 1830, qui accordait aux Français « le droit de publier et faire imprimer leurs opinions. » Or, l’imprimerie étant un monopole, le refus des imprimeurs équivalait à une annulation de cet article. Les Français n’étaient pas libres ! On les privait de leurs droits !!

La cause fut renvoyée au lundi suivant pour l’audition de Me Caron, avocat de M. Jausions. Le dit Me Caron fut sévère : « L’esprit du journal, dit-il, mérite la réprobation des gens de bien ; c’est ce qui explique et justifie le refus