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inscrire étudiant en médecine. Cette fantaisie dura peu : en réalité, il avait renoncé à la magistrature et à toute autre carrière « bourgeoise. » Sa décision était prise d’être un homme de lettres et rien que cela.

Pendant toute l’année 1842, Leconte de Lisle vécut sans relations presque avec sa famille, ne recevant plus d’elle que des subsides irréguliers, étudiant l’histoire et les langues, faisant quelques courses en Bretagne, tout entier à ses idées d’avenir. Ses parents le rappelaient en vain près d’eux ; il faisait la sourde oreille. De cette année datent ses premières révoltes ouvertes contre la « société, » qu’exaspéraient encore les remontrances de son père, les duretés de son oncle, et l’imbécillité de quelques « bourgeois » de Rennes.

Il projeta de dire à tous ces braves gens ennuyeux, — magistrats et professeurs, — ce qu’il pensait de leurs ridicules ; un de ses camarades de la Faculté, fils d’un riche notaire pourtant, s’associa à lui pour fonder un journal satirique, Le Scorpion. Le titre était menaçant et le premier numéro justifiait le titre, paraît-il. Ce fut du moins l’opinion des imprimeurs de la ville, à qui les deux fondateurs, Paul Duclos et Charles Leconte de Lisle, s’adressèrent, mais vainement à tour de rôle. L’un