avaient prononcé le grand nom de Châteaubriand, et l’illustre vicomte, invoqué par eux, leur adressait quelques paroles d’encouragement, un peu désenchantées. Mais la jeunesse a des chaleurs d’illusion et d’enthousiasme où se fondent toutes les glaces de l’expérience et de l’âge. Châteaubriand écrivait :
« Si je n’avais pas entièrement renoncé aux lettres et à la politique, je vous demanderais, tout vieux que je suis, à combattre dans vos rangs. Grâce aux armes modernes, l’âge n’est plus une excuse pour refuser de descendre en champ clos ; mais, pour écrire avec succès, il faut avoir de la foi, et je n’en ai plus aucune dans la société. Tous mes vœux seront pour votre Revue littéraire. Il y a aujourd’hui en Bretagne trois ou quatre talents dont les preuves sont faites et qui seront sans doute très disposés à vous prêter secours dans vos belles études. »
Je ne sais si cette façon de passer la main tout en bénissant fut goûtée par nos enthousiastes : du moins déclarent-ils que la lettre était « honorable » pour eux, et, comme ils avaient la foi, Leconte de Lisle et ses deux amis redoublèrent de zèle chrétien et d’ardeur littéraire, en faisant appel « aux talents inconnus ». Ils déclarèrent même que les béné-