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costez tout le lōg de la charrette, s'entretenas l'vn à l'autre par petites barres plattes trauersaines, porté sur l'aisseul d'icelle, le deuāt duquel fait les limons. Mais en vn char à quatre rouës les limons ne font partie & portion du brancar, ains en sont separez. Par mesme raison est entendu le Brancar d'vne littiere, horsmis qu'il ne porte sur limons, ains par les dossieres des mulets ou cheuaux qui portet ladite littiere, & le Brancar sans littiere, sur lequel les blessez & malades sont portez à couuert sur materas estans couchez de leur long. Il se peut tourner en Latin par ce mot Arcera A. Gell. li. 20. c. 1.

Branc d'acier, c'est vne espée, Les Romans en vsent souuent.

Branche, Ramus, Semble qu'il vienne de ce mot Brachium, car Virgile dit au sixieme de son Eneide, In medio ramos, annosáque brachia pandit Vlmus opaca ingens.

Les branches sont comme bras des arbres.

Branche couppée, Ramale.

Les petites branches qui croissent entre les fueilles des herbes. Thyrsi.

Quand les branches d'vn arbre s'estendent loing d'vn costé & d'autre, Petulantia ramorum.

Force branches és arbres qui s'estendent en long, & ne croissent point en mont, Tabulata.

Coupper les petites branches superflues des arbres, Frondare, Interputare ramulos.

Coupper les branches d'vn arbre, & faire qu'il n'y ait que le tronc, Detruncare arborem.

Oster & coupper les principaux bouts & branches des arbres, à fin de les garder de croistre fort haut, & pour les rendre plus larges & espez Decacuminare.

Cet arbre iette branches, Frondes agit haec arbor.

Qui couppe le bout des branches des arbres, & amasse les fueilles pour les bestes en yuer, Frondator.

Couppement des bouts des branches, Frondatio.

Qui est d'vne branche, Rameus.

Branchette, Ramulus, quasi Brachiolum.

Les petites branchettes des nouueaux reiettons, Vngues.

Branchu, Ramosus, quasi Brachiosus.

Vn branchage delié comme cheueux, Capillacea coma.

Brancher vn larron, c'est le pendre à la branche d'vn arbre, Suspendere de arbore.

Les oiseaux y branchent souuent c'est à dire nichent, Sedent vel Sidut.

Branchier, qui hante les branches. Ainsi les faulconniers appellet vn Esprenier branchier celuy qui estant n'agueres sorty du nid va sautelant de branche en branche & lequel sans auoir esté longuement à soy est prins.

Branche vrsine, espece d'herbe, Acanthus vel Acanthe, Les Apoticaires l'ont nommée Branche vrsine pour la semblance que ses fueilles ont auec les pieds de deuant d'vn ours, voyez Branque vrsine.

Brandiller, Brandillement, vn Brandilloir.

Brandir, c'est lancer ietter & ruer de force au 3. liure d'Amad. brandit de toute sa puissance vn dard dans le nauire & tant s'esbransla ceste femme à le lancer que le pied luy faillit, Vibrare, Torquere hastam.

Brandon, m. acut. Se prend ores pour vne pharasse, phalot ou torche, Fax, Cereus. l'Espagnol dit Blandon pour le mesme. Ores pour le signe & marque esleuée sur vn baston, que le Seigneur foncier ou censier fait mettre en aucun heritage à luy redeuable d'aucuns cens ou fons de terre pour les arreraiges qui luy sont deus, au chap. 2. article 2. des coustumes de Par. Et les Sergens en leurs exploits de saisie d'heritages disent, l'ay arresté, brandonné & mis en la main du Roy telle piece de terre, seruant le Brandon à ce que nul ne trouble le Commissaire establi au regime de l'heritage brandonné, & à ce que de ladite saisie le seigneur de la chose brandonnée n'en puisse pretendre cause d'ignorance.

Brandonner, act. acut. Est apposer le brandon à quelque heritage saisi & arrésté en la main du Roy ou du Seigneur de iustice. Insignibus regiis, dominicis, praetoriis, praedio omnibus interdicere.

Branler, voyez Bransler.

és Branquars d'vne lictiere, Brachia lecticae.

Branque vrsine, Est vne herbe ainsi nommée par les herbiers, Patte d'ours par les iardiniers, Acanthus, Les architectes la nomment vulgairement Acanthe, voyez Branche vrsine.

Bransler, c'est balancer ça & là, d'vn costé à autre sans se tenir ferme, Nutare, Ainsi dit on qu'vne armée bransle, quand elle commence à ne se tenir ferme en son ordonnance en combatant à son ennemy, & quelle balance ça & là. Au 3. liure d'Amad. car ils furent suyuis par leurs compagnons de telle furie que les autres reculerent & commencerent à bransler, prests à eux mettre en routte.

Bransler & estre prest à cheoir, Labare, Collabascere.

Bransler çà & là, Vacillare.

Il ne sçait de quel costé bransler, Addubitat vtram in partem vergat B.

Bransler vn dard où vne picque, Hastam quatere, concutere vt tremebunda fiat, contremiscat, Virgil. lib. 12. Aeneid. Validam vi corripit hastam, quassátque trementem. Id autem ab hastato in pugna fieri solet, vt quassando tum metum acriorem hosti quocum ex aduerso pugnant, incutiant, tum vt validiùs vibretur. Crispare hostilia. eod. lib. 12. Aeneid.

L'armée est dite bransler quand elle commence à chanceler & tourner


en route, ils ont combatu trois heures sans bransler l'vne ne l'autre, Tribus horis pugnatum est neutrò inclinante pugna, liu. lib. 23.

Bransle, m. C'est balancement d'vn costé à autre, Nutatio, Vacillatio. Il se prent aussi pour vne maniere de danse, ou plusieurs hommes & femmes s'entretenans par les mains ores en cerne, ores en long vont dansant de flanc à autre, & non de droit fil de derriere en auant, comme on fait és basses danses, pauanes & gaillardes. A cause duquel danser de costé à autre, ceste dite maniere de danser est appelée bransle, de bransler, qui signifie proprement balancer d'vn costé à autre : & moins proprement, vaciller en quelque maniere que ce soit.

Le bransle & maniement du corps se r'apportoit assez bien à la voix, Nec absoni à voce motus erant.

Il est en bransle si, &c. In discrimine est, vtrum vos, &c.

Aller de plus grand bransle, Maioribus organis commoueri, b. ex Quintiliano.

Vne danse qu'on appelle bransle, Saltatio motoria.

Mener vn bransle, Versare saltatorium orbem, bud. ex Cicerone.

Branslement, Nutatio.

Branslement de dens, Dentium mobilitas.

Braque, espece de chien de chasse.

Braquemar, Semble qu'il soit composé de ces deux mots Grecs βραχύζ & μάχαυρα, id est, breuis gladius, Harpe, Ensis falcatus.

Braquer, act. acut. C'est affuster & agencer pour tirer. Ainsi dit on Braquer vn canon ou autre piece d'artillerie, & Braquer vne arbaleste, Braquer vn chariot, Temonem aut dextrorsum aut sinistrorsum obuertere vel torquere.

Bras, Brachium, Et en matiere de nauires, Bras en pluriel, sont deux cordes deliées, qui passent chacune par vn bout de la verge du beaupre, & vont le long du nauire, & seruent pour tirer & serrer le dit beaupré dedans le nauire quand mestier est, Cheruchus, braco d'antena Esp.

Qui a les bras hors, Exertus.

Le lieu creux sous les bras de l'homme, où croit du poil, Axilla.

Appartenant au bras, Brachialis.

Il s'est rompu le bras, brachium fregit.

La Rep. fuit entre tes bras, te demandant secours, Confugit in sinum tuum concussa Resp.

Bras de mer, est vne course où excurssion d'eauë que la mer fait ou deuers la terre, ou entre deux terres fermes ou Isles, comme s'eslanceant, & partat de la haute mer, Brachium maris, aestuarium. On dit le bras sainct George, Hellespontus, Le d'estroit ou estroit de Gallipoli, on dit aussi le bras d'vne riuiere quand elle se fend en deux ou plusieurs courants, Brachium fluminis, Liu. lib. 22.

Le bras seculier, Magistratus ciuilis.

Brasier, Brasiller, voyez Braise.

Brasser, a , Bullio, Ebullio, Efferueo. Hinc fortè, Brasser de la biere, & Brasseur, Brasserie, Brassin.

Brasser & machiner à aucun quelque mal, Machinari alicui perniciem, Intentare alicui ruinam.

Qui a brassé tout l'affaire, Totius negotij molitor, opifex.

Vne brassée, & la longueur de deux bras estendus, Vne aulne, Vlna.

Vne brassée de bois, ou d'autre chose.

Brasselet & ornement de bras, Brachiale, Armilla, Spinter, βραχρόνιόν.

Brasselets & gantelets de fer, Manicae, manicarum.

Qui porte vn brasselet, Armillatus, B.

Brassier, m. acut. voyez Homme de peine.

Braue, com. gen. penac. Est dit celuy ou celle qui s'habille pompeusement, Qui splendido ornatu vtitur , Il vient de ce mot Grec {{grec}} ; qui vient de {{grec}} , signifiant aussi porter le signe de victoire au poing, parce que comme les mieux faisans aux jeux gymniques, ausquels le prix estoit distribué, s'en retournoient en pompe & haute contenance, comme honorez dudit prix : ainsi ceux qui sont pompeusement vestus, marchent en fiere contenance, & le François les appelle Braues, soient hommes, soient femmes. Et parce que celuy qui est ainsi pompeusement vestu, regarde coustumierement en fierté ceux qui l'approchent, tant le François que l'Espagnol, l'Italien & les Languedocs & Prouençaux, vsent de ce mot en cas de ferocité, appellant le François vn homme braue aussi, celuy qui met bien la main aux armes & ne se laisse surmarcher : & Brauerie, ou Brauade, vn insult fait à aucun auec escorne, & Brauer quelqu'vu, pour fierement luy faire vne honte ; vsant de l'aduerbe Brauement pour vaillamment & en homme accort & aduisé. Et tant l'Espagnol que l'Italien Brauo, ce que le Latin dit Ferox, & particulierement l'Espagnol Braueza, Feritas, Ferocia, & Brauamete, Ferè, ferociter : Et lesdits Languedocs & Prouençaux disans, Vn bouou brau, pour vn boeuf furieux & de mauuaise rencontre.

Marcher brauement, ou Faire le braue, Speciosè ingredi, Primum locum sibi velle ascribere, Aliis se praeferre, Semble qu'il vienne de βραβεύν, id est, Prior sum Palmam fero, Supero, Vinco.

Braue aucunesfois signifie superbe & hautain.

Braue cheualier, Summus eques, Liu. lib. 23.

Se brauer, c'est faire le braue.

Brauade, f. penac. Insultus, voyez Braue, Ferox incursio.


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