Page:Thresor de la langue francoyse - 1606 - 1 - Nicot.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88 BO BR


Venir à bout de quelque chose par vn moyen tres-aisé, Aliquid quàm mollissima via consequi.

On ne sçait lequel bout va deuāt, Nihil illic primum, nihil secundum, omnia praepostera.

Il est venu presque au bout de cent ans, Propè centum confecit annos.

Les bouts ou les poincts des costez, Compunctiones laterum. B. ex Plinio. Bouter, & pousser, Trudere, Detrudere, Pellere, Impellere, Propellere.

Bouter, & auoir grosse haleine. En fait de Fauconnerie.

Bouter à la vie, voyez Vie.

Bouter cap à la mer, voyez Cap.

Bouter de Loo, voyez Loo.

Bouter au vent, c'est mettre bien le vent dont on single, en la voile.

Bouter vent deuant, c'est trop approcher le vent, dont on single, car qui trop l'approçhe, il fait donner tour au nauire.

Bouter vent en penne, c'est quand le nauire allant à la boline, il prend trop aualle vent, de sorte que le vent porte & boute la voile contre le mast, & la serre si fort contre iceluy, que la voulant amener on ne peut, laquelle faute vient par la negligence & inaduertance de celuy qui gouuerne le tymon, prenant trop aual le vent.

Bouter dedans les nauires, Contrudere in naues.

Qui tousiours boute l'vn ou frappe l'autre, Petulans.

De la premiere boutée, Primo impulsu.

D'vne boutée, Vno impulsu, Vno impetu, Vna impressione.

Cette menée ne se fera pas tout d'vne boutée, Haec negotia multarum nundinarum fore dicebat. Cic.

Il n'est bon que pour vne boutée, Ad vnum modò ictum viget. Liu. lib. 23.

Homme qui n'a point bon boute-hors, Consultus non disertus, Indisertus. B.

Ils se ioüent à boute-hors, Hi mutuò vel inuicem lusitando loco se mouent.

Boute-feu, m. acut. Compositum ex duobus integris. Est celuy qui boute de guet à pens le feu aux maisons, villes & autres lieux, Incendiarius.

Boute-feu, & qui esmeut vne sedition, Fax seditionis.

Boute-feu, qui induit, incite & pousse vn autre à faire quelque mal, Impulsor.

Assigner à vn nombre de boute-feux les quartiers de la ville où vn chacun mettra le feu, Describere vrbis partes ad incendia.

Bouteille, Ampulla, Lagena. Les Hebrieux appellent vne bouteille Bacbuc, & semble que Bacbuc & bouteille soient nomina ficta à sono quem edit lagena quando depletur inuersa.

Bouteille ou bouillon qui s'esleue sur l'eau, principalement quand il pleut, Bulla.

Vne bouteille de voirre, ou autre chose, en laquelle on mettoit les cendres d'vn trespassé, apres auoir bruslé son corps, Vrna imaginis mortui.

Petite bouteille, Ampulla, Ampullula, Laguncula.

Bouteille seruant à boire, Ampulla potoria.

Piece ou morceau d'vne bouteille, Frustum ampullaceum.

Boutillier & faiseur de bouteilles, Ampullarius, Oenoptes, A lagenis, Ab oenophoris.

Estre eschanson & boutillier, Ad cyathos stare. Boutique, f. penac. Est la partie du logis de quelque marchand que ce soit, où il tient à huys ouuert la marchandise qu'il expose à vendre. Rerum promercalium officina. La boutique d'vn frippier, Vestium promercalium officina. Sueton. de clar grammat. Il tient boutique de ferronnier, Ferri promercalis officinam exercet. Sueton. ibid. Il vient de cestuy Grec άποθήκη, par apocope & mutation de {{grec}} [Pi ?], tenuë en sa moyennë , qui signifie le lieu où l'on met ce qu'on veut tenir ensemble, de là est composé Arriere-boutique, Penitior officina, Interior apotheca, in qua merces pretiosiores conduntur. Par là est sceu que Boutique n'est pas ce qu'on nomme Ouuroir.

Les boutiques serrées, Clausis tabernis. Bud. ex Cicer.

Boutique & ouuroir d'Orfeure, ou Affineur, Aurificina.

Boutique d'Apoticaire, Pharmacopolium.

Boutique à poisson, Piscina lignea vel fabrilis, Ichthyotrophium.

Qui a boutique ou estangs de poissons, ou qui se delecte à en auoir, Piscinarius.

Bouticlier, Tabernarius.

Le Bouton, ou Bourion de la vigne, Gemma.

Les boutons & reiettons des arbres, & de toutes plantes, Oculi arborum.

Boutons de verolle.

Le bouton d'vne rosé, Alabastrus, per metaphoram.

Vn floc & bouton de laine, Floccus.

N'estimer quelque chose non plus qu'vn bouton de laine, Ne l'estimer rien, Floccifacere, Floccumfacere, Floccipendere, Non floccifacere.

Quand on abbat les boutons & reiettos d'vne vigne superfluz, Oculatio.


Boutonner, Gemmare, Gemmascere.

Boutons dont on ferme les habillements.

Boutonner, fermer à boutons.

Bouuier, Bouuillon, Cherchez Beuf.

Bouis, ou Bouys, Buxus. f. g. & Buxum.

Couleur resemblant à bouys, Buxeus color.

Boyau, Vn boyau qu'on appelle le long boyau, Ileos.

Le boyau culier, Ieiunum, vel Ieiunum intestinum.

Boyaux & entrailles, Intestina, Intestinorum.

Vuider les boyaux, Exenterare viscera. B.

BR

Brabançons, Ambiuariti, Brabantini, Tongri.

Bracelet, Cherchez Brasselet.

Brachet, Espece de chien de chasse, Brachetus.

Braconnier, Venator. Semble que ce mot vienne du nom des chiens qu'on appelle Bracques.

Bragard, ou Bragueur, Bullatus, Elegans homo.

Braguerie excessiue, Lenocinium.

Bragues, f. Ne se trouue qu'en nombre pluriel, & signifie ces chausses de lin, & autre toile qui ne couuret que les cuisses, Femoralia. La soeur de Louys 8. Roy de France ne coucha onc auec Theobalde Roy son mari sans chemise, ne luy auec elle, quelque ieune & beau qu'il fust, sans chemise & ses bragues. Par ce lieu est cogneu que les bragues estoient portées dessous les hauts de chausses par netteté. Qui voudroit appeler Bragues les Calçons que l'on porte communément, il parleroit mieux François, que les appelant Calçons d'vn mot estranger. L'Italien dit Bracche, & l'Espagnol Bragas. Tous lesquels mots viennent de cestuy Latin Brachae, aussi pluriel, lequel viet du Grec {{grec}}, qui signifie court, bref, & petit : car bragues sont courtes chausses qui ne passent les genoux ; les autres qui descendent iusques à la plante du pied, estans appelées longues chausses. Et quand Antoine de Lebrixa, rend en Espagnol par bragas marineras, ledit mot Latin Brachae, Il entend de ces chausses à la marine, qui sont fronsées par haut & par bas, & ne passent le dessus du genoul, Perizonia, Succinctorium, Foeminalia. Le mot pur François est Brayes, aussi Nicolas de Herberay au 2. liur. chap. 6. de son Iosephe François,rend {{grec}}, par Brayes.

Braguete, f. penac. Est le diminutif de brague. Et signifie proprement cette petite partie des bragues, qui couure & musse le membre honteux à l'homme, Vidulum, Subligaculum, Tigillum. Le pur François est Brayete. L'Italien dit Braccheta. Braire, verb. neutr. penac. Est faire vn son aspre & rude par voix inarticulée, & est proprement dit des Asnes, Rudere, mais par metaphore est vsurpé pour crier rudement & sans mesure, qui est ce que l'Espagnol & le Languedoc disent Bramar, & s'applique à l'animal, rendant voix articulée comme l'homme. Ainsi on dit, Il ne fait que braire, Vsq ; vociferatur. Aucuns le veulent tirer de ce verbe Grec βράγω, qui signifie resonner, en ayant Hesiode vsé en cette signification. Et Homere mesmes du preterit έβραχε, pour έχεσε, Vociferatus est, mais c'est de bien loing. Il est aussi nom, comme, Pour ton grand braire, ie ne feray rien, Quantum vis vocifereris, non ea re magis impetrabis. L'Espagnol Villageois dit aussi Bradar, plus pres de la signification de Braire, que quand il dit Bramar.

Braire comme font les petis enfans, Vagire, Obuagire.

Braire & crier de douleur & ennuy qu'on a Lamentari.

Chose qui incite à braire & crier, Lamentabilis.

Cesser de braire, Parcere lamentis.

Brayand, ou Brayard, Clamator.

Brayement, Eiulatio, Quiritatio, Vociferatio.

Brayement que font les petits enfans, Vagitus.

Brayement & escry qu'on fait de douleur & d'ennuy qu'on a, Lamentum, Lamentatio.

Brayement, ou le braire qu'on fait pour vn sien amy trespassé, Lugubris eiulatio, Lessus, huius lessus.

Braise, à βράζω, id est Ferueo. Hinc Braise, à feruore prunarum : & Brazier, Embrazer.

Vn brasier ou braise de feu, Pruna.

Brasiller, Prunis incoquere.

Brame, Espece de poisson, Brama, Cyprinus latus.

Bramer, C'est crier enormément. Il vient de βράμω, id est, resono, fremo, in vocem erumpo. Le Languedoc & nations adiacentes en vsent ordinairement, disans Bramar, qu'ils attribuent proprement au braire des Asnes, & par metaphore à tout cry hautain. L'Espagnol en vse aussi pour crier, disant bramar & bramido. Mais l'Italien en vse pour desirer & desir, bramar & brama.

Bran, m. Combien qu'il signifie du son, Furfur, si est-il vsurpé aussi pour l'excrement de l'homme, Stercus. Selon cette acception l'on dit auec indignatiō & desdaing à quelqu'vn, Bran, bran, ou Bran pour vous, Stercorêris, ou Stercus tibi. Et Breneux, au lieu de Braneux, Stercoraceus, stercore conspurcatus, & Embrener aucun, Stercore inficere, conspurcare.

Brancar, ou Brancal, (si aisée est la trāsmutatiō de r, en l,) m. acut. Est l'assemblage enfourché des deux grosses perches qui vont regnāt des deux