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Sommeil, Sopor.

Le sommeil me vient, Somnus accedit.

Faire auoir sommeil, Quærere somnum re aliqua.

Le sommeil me presse, Vrget somnus.

Saisi de grand sommeil, Solutus somno.

Le sommeil l'a assopi, Oppressit eum somnus.

Le sommeil m'a prins, Me somnus complexus est.

Sommeiller, Dormitare.

En sommeillant, Dormitando.

Sommeilleux.

Sommeillard, Somniculosus.

Vn Sommeillier, Œnoptes, A lagenis, Ab œnophoris, Ab vrnis. Budæus.

La sommelerie, Cella vinaria, Apotheca, Apotheca vini. Pl.

Le Sommet, ou coupet de quelque chose, Apex, Cacumen, Summum.

Le sommet ou coupet d'vn edifice, & autres choses, Fastigium, Culmen.

Le sommet ou coupet d'vne montagne, Supercilium montis.

Le sommet & fin bout de quelque chose, comme d'vne montaigne, & de quelque bastiment, Coronis.

Le sommet de la teste, Vertex capitis, culmen hominis.

Depuis le plus hault & le sommet, A summo.

Sommité, Cacumen, Culmen, Fastigium.

Sommier, m. acut. Vient de ce mot Somme, & signifie ce qui porte somme, ainsi il se prend aulcunefois pour la poultre sur laquelle sont posées les soliues & le faix de tout le plancher. Trabs perpetua. Vitru. Quelquefois pour vn cheual portant en somme, c'est à dire sur le dos, soit bahus ou autre charge  : Equus onerarius, aut sarcinarius, Bud. lib. de asse. Selon ce au pays de Languedoc & adiacens, on dit vne sommade de blat, pour la quantité de bled que communement vn cheual peult porter en somme quelquefois pour le Cerceau double qui suyt le Talu en la relieure d'vne fustaille, qui ainsi est appelée par les tonnelliers, parce qu'estat droitemet sur le iable, il porte tout le fais de ladite relieure, quelquefois pour le Canon musical sur lequel se font les conduicts ou postes qui portent le vent d'vn tuyau d'orgues à l'autre. Canon musicus, vitru. En consequence de ce on appelle sommier, assemblee, corps ou communauté qui porte sur luy tous les affaires de ladicte communauté, & s'en charge. Et d'vn portefais qui est chargé à oultrance, on dict, il est chargé en sommier, In iumenti onerarij modum oneratus est. Sommier auβi est appellée la grosse piece de bois taillee en dos de chameau, à laquelle vne cloche est attachee à liains & bandes de fer, & pendant d'icelluy sommier, les deux bouts duquel faicts de tourillons de fer portent sur le pouaillier faict d'airain, & tournent en icelluy quand la cloche est sonnee à bransle. Et ce sommier porte tout le fais & pesanteur de la cloche sur son dos accollé desdicts liains de fer, tout ainsi qu'vn cheual la somme sur son dos, dont luy est donné ce nom. Vn sommier en charpenterie, Trabs perpetua. Vitru.

Sommiers entez les vns dans les autres, Trabes compactiles. Vitru.

Somptueulx banquet, excessif, & de grande superfluité, Sumptuosa cœna.

Bastiment qui n'est pas sumptueux, Frugi ædificium.

Somptuosité, Luxus, Luxuria, vel Luxuries,

Trop grande somptuosité & superfluité de bastiment de metairies, Insania villarum.

Somptueusement, Sumptuosè, Ambitiosè, Pollucibiliter.

Estre vestu trop somptueusement, Vestiri nimis delicatè.

Son, m. Est le tentissement en l'air qui se fait de l'entretouchement de deux ou plusieurs choses par heurt, ou compression. Ainsi dit-on le son du tonnerre du vent, de l'orage, de la cloche, de l'artillerie, de la voix, de la fonde & d'autres choses, lequel est causé ou par entrechoc de choses de contraires qualitez, comme celuy du tonnerre, ou d'attouchement & compression seule sans operation des susdictes qualitez, comme est le chiflement, l'escri  : & par seule fraction de l'air qui est entre deux, come le son de l'applaudissemet des mains, ou de l'air qui est à l'opposite, cōme celuy du vireton descoché, & du caillou rué à force, Sonus, Sonitus, Sonor, Tonus. Son se prend auβi pour le desbris de la cotte du grain que la meule fait au moulin, lequel par le sas ou bluteau est par apres escous d'auec la farine quand on veut faire du pain, Furfur. Qui est comme plein de son, Furfurosus. Son auβi est pronom possessif masculin, comme, C'est son logis, Ipsius hæc domus est. Il est en son iardin, Est in horto suo. Lequel neantmoins est employé aux noms feminins de la chose possedée, s'ils commencent par voyele, comme, Son espée, son ame, Ensis anima ipsius. Ce qui se fait pour euiter le béement de bouche qui seroit lourd si on disoit sa espée, sa ame. Car quand ledit femin commence par consonante, on n'vse pas dudit masculin Son, ains de Sa feminin, comme, Sa conscience, sa maladie, Conscientia morbus ipsius. Toutesfois on dit S'amie par apocope, ou bien par auersion. De sa & amie, comme on dit außi M'amie, & non Son amie, Mon amie. Mais on ne dit S'ame, ni M'ame.

Vn fort son, Sonor, sonoris.

Le son qu'on rend quand on enfle les iouës, Stlopus.

Le son des pieds, Crepitus pedum.

Le son des coups quand on foüete vne personne, Crepitus plagarum.

Son qui est vn peu plus bas, Grauiusculus sonus.


Vn son hautain & cler, Sonus acutus.

Bruire & faire vn son hautain, Detonare.

Son haussé & baissé, Sonus inflexo spiritu variatus.

Vn son esclattant, Fragor.

Auec son esclattant & bruit violent, Fragosè.

Son violent & aspre de quelque chose que ce soit, Crepitus.

Son fait par mesure, Sonus modulatus.

Son tout le plus bas qu'on peut prendre, Sonus grauissimus.

Son rabatu, Sonus flexus.

Danser au son du menestrier, Saltare ad tibicinis modos.

Faire son, Edere sonos, Sonum reddere, vel sonitum, Increpare.

Faire vn son en frappant contre quelque chose, Sonum elidere.

Faire diuers sons, Discrepare.

Faire grand son, Personare.

Rendre son, Sonum efficere, Resonare.

Qui rend diuers sons, Multisonus.

Tempestes qui rendent grand son, & bruient fort, Tempestates sonoræ.

Tascher d'ouir le son, Captare sonitum.

Ne pouuoir endurer le son en ses oreilles, Sonitum non posse capere auribus.

Sonnaille, f. C'est la clochette rustique que les bestes portent penduë à leur col, passans ou allans par les champs.

Sonnalier, c'est celuy qui porte vne sonnaille, Iean le maire en ses Illustrations, Moutons clochemans ou sonnaliers reuestus de toisons houssuës, voyez Clocheman.

Sonner, Sonare, Recinere.

Sonner diuersement, Discrepare.

Faire sonner vne corde, Elicere sonum neruorum.

Quand l'or, l'argent, airain, fer, estain, & semblables sonnent, Tinnire.

Sonner aucun, pour appeler.

Airains sonnans, Tinnula æra.

Sonnette, Crepitaculum, Tintinnabulum.

Sonoreux. Ronsard. Sonorus.

Vne Sonde, Bolis, bolidis.

Sonder la riuiere, C'est tenter la profondeur, Canari, Tentare.

Sonder le gué, qu'autrement nous disons, Tenter le gué, Tentare vadum.

Il faut sonder plus auant, ou plus bas, Altius expiscandum. B

La riuiere de sone, ou Saonne qui passe à Lion, Arar vel Araris.

Songer, Somniare, Consomniare. Si de ce mot Somniare, vous muez i vocal en j consonant, vous aurez Som iare. De là vient songer. De Somnium. Som ion Songe, Ainsi faisons nous de Simia. Sim ia, Singe.

Songer, penser, & deuiner en soymesme, Exputare.

Songer, trouuer, & inuenter, Comminisci excogitare.

Il n'y faut plus songer, Præcisa est mihi dubitatio. B. ex Cic.

Penser & songer quelque malice que tu faces à autruy, Consulere aliquid mali quod facias alteri.

Songer à malfaire, Cogitare malè.

Songer choses plaisantes, Vti somniis iucundissimis.

Qui songe souuent, Somniosus.

A pres auoir songé quelque chose & bien appresté, Prestement, Paratè.

C'est ce que i'auoy songé, Pertinet somnium ad hoc.

Ce qu'on a songé de nouueau, Commentitium.

En songeant, In somnis.

Songe, Somnium, Visum.

Si quelque songe aduient, Si quando aliquod somnium verum euaserit.

Que diray-ie  ? à quoy tend ce songe ci  ? Quam ad rem dicam attinere hoc somnium  ?

Qui deuine que signifient les songes, Coniector.

Songeart, Dormitator.

Vn songemalice, Cacomechanos. B.

Sonnet, m. acut. Semble estre diminutif de son, c'est à dire vn petit son  : si mieux on n'aime dire qu'il est fait de ce mot Latin, Sonitus. Et qu'il ne soit point de la forme diminutiue. Mais le François ne l'a ni d'vne sorte ne d'autre en courant vsage, & ce qu'il dit depuis ne sçay quel temps, Sonnet, pour vne façon de Rime comprinse en deux quatrains, & deux tiercets, qui sont quatorze vers, dont le premier rime aux quatrieme, cinquiesme & huictieme, & le second aux troisieme, sixieme & septieme  ; le neufieme au douzieme  ; le dixieme au treizieme, & l'onzieme au quatorzieme, c'est vn mot par luy emprunté de l'Italien Sonetto, qui l'a prins des Prouēçaux ou Catalans premiers pœtes, duquel Italien, l'Espagnol auβi a puis n'a gueres prins & le mot & la tissure de la Rime. Aucuns estiment que laditte rime de quatorze vers soit appelée Sonnet parce que les Italiens le chantent en le lisant. Mais cela n'en est pas la cause  : carle chant leur est commun & vsité en toutes sortes de leurs rimes dont le vers est de onze syllabes, soit de fait ou d'equipolence. Comme auβi tous vers quelconques en quelque langue qu'ils soient escrits, deussent estre leus auecques ton de chant, ainsi que le mot Carmen, que le Latin leur a baillé, le donne assez à entendre.


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