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¶ Courage, Age.

Ayes tousiours bon courage, Ne contrahas aut dimittas animum, Bono animo esto.

Courageux & hardy, Animosus, Ferox, Praeferox, Fortis.

Courageusement ; Ferociter, Fortiter, Animosè.

Couramment

Couramment, Vistement, Promptement, Sans faillir, Memoriter.

Lire couramment, id est, sans s’arrester ne restiuer.

Courbaston

Courbaston, ou Courtbaston, Se declare assez par sa composition de court & baston. Mais en matiere de nauires, courbaston est vne courbe qui est appliquée à chasque bout de bau pour renforcer le vaisseau. Et sont les courbastons en grand nombre, selon qu’on veut rendre fort le nauire.

Courbe

Courbe, à Curuus, u in b. Curuus, Incuruus. Et en fait de vaisseaux de mer Courbes sont certaines pieces de bois quatre ou cinq de chaque bord entées en l’encoigneure ou iointure de la poupe longues chacune de xii. ou xv. pieds, selon la longueur dudit nauire le renforceants par le derriere, voyez Four.

Courbé de toutes pars, Conuexus.

¶ Courbe, Maladie qui vient aux cheuaux & les fait clocher. Cette maladie vient en la iambe de derriere, & est vne enflure dure pres le iarret, & aucunefois vient sur la iointure. Son commencement vient de heurtures ou de coups de bastons.

Courber, Plier, Affaisser, Flectere, Conflectere, Curuare, Incuruare, Pandare.

Se courber, Incuruescere, Curuari.

Se voulter & courber contre-mont, In diuersum curuari, Fornicari.

Facile à courber, Flexibilis, Flexilis.

Courbé, Recuruus, Curuatus.

Fort courbé, Procuruus.

Courbé contre bas, Pandus, Repandus.

Ciel courbé comme vn arc, Arquatum caelum.

Courbement, ou Courbure, Conuexitas, Curuatio, Flexio, Pandatio, Curuatura, Curuamen.

Courbement & voulture, Fornicatio.

Courée

Courée de mouton, id est, la fressure.

Courge

Courge, Cucurbita.

Courge sauuage, Colocynthis, colocynthidis.

¶ Courge nourrie & croissant en pendant és toicts des maisons, & és perches, Cameraria cucurbita.

Courge à porter les seaux à la riuiere. Ie me doute qu’o veut dire vne courbe, à curuitate. Pertica situlis ferendis idonea, Pertica sitularia.

Courir

Courir, act. acut. Qu’on dit aussi Courre, Tantost est simplement aller de course, Currere. Il a couru grand’erre, Longum iter cursu per egit. Tantost aller sur vne beste courant. Ainsi l’on dit, Courir la Poste. Tatost poursuyure à course de cheual quelque homme ou beste, Aliquem equi cursu persequi. Il l’a couru longuement, Diu illu citato equo insequutus est. Courir le Cerf, Ceruum equi cursu agitare, Venationi Cerui dare opera. Et se prend pour chasser, parce qu’à la chasse y a ordinairemet des picqueurs pour accompagner la meute des chiens courants. Courir aussi est gaster vn païs par courses hostiles. Nicole Gilles en la vie de Philippe de Valois ; Ils coururent, & prindrent les Isles de Gazé, & autres ports d’Angleterre, Excursionibus vastarunt, voyez Coureurs. L’Espagnol dit aussi Correr la Herra de Moros, en cette signification.

Courir aussi se prend pour estre vsité & en vsage commun des hommes, Assolere, comme, Cette façon d’habit ne court, Haec vestis forma in vsu esse desiit, Exsoleuit. Corn. Tac. lib. 14. Amictus Graeci, quos per eos dies plerique incesserant, tum exsoleuerant.

Sçauoir bien courir, Cursu valere.

Se prendre à courir, Pedes in curriculum coniicere.

Courir & tracasser par cy par là, Hac illac circumcursare, Peruagari.

Courir bien auant, Excurrere.

Courir deuant, Praecurrere, Procurrere.

Courir à grand rendon dedans les ennemis, Impetum in hostes facere, Incurrere.

Courir au deuant de quelqu’vn, Occurrere alicui. Ouid. lib. 2. de Ar. aman.

Courir de tous costez, Circumcursare, Discurrere.

Courir haut & bas, Decurrere sursum deorsum.

Courir en diligence, Transcurrere, Curriculo celeri ire.

La rente, ou arrerages, ou vsure, ne courent plus, c. n’ont plus de trait. La raison en cette signification est, que les arrerages croissent auec le temps, duquel est le propre courir, Consistit vsura. Bud. ex Cic.

La rente court depuis tel iour, Ducitur vsura ab eo die, &c. Bud. ex Cicer.

La rente court tousiours, Procedit vsura. B.

Courir les ruës, c’est estre furieux ou enragé, insensé, ou transporté de rage de mal ; Car telles gents n’arrestent en mul lieu, Mente captum, Furore percitum esse, Vi morbi agi. Plaut. Pen. Haud quisquam hodie nostrûm curret per vias, Neque nos populus procerritis insectabit lapidibus.

Courir aussi fort qu’vn homme à cheual, Equitem cursu aequare.

Courir aux armes, est par chascun, qui çà, qui là, aller hastiuement prendre les armes. Ce qui se sait en vne soudaine alarme ou tumulte & necessité impourueuë, Aduolare, accurrere, concurrere ad arma.

Courir sus à quelqu’vn, proprement prins est de cours & deslans, nuire & endommager aucun, Infestare, comme font les voleurs & brigands, Incursare, Impetere aliquem. Mais par catachrese il se prend pour entre-prendre sur les desseings & profits d’autruy, Alterius commodis, consiliis ac rationibus officere. Suyuant cela on dit, Courir sur le marché d’autruy, Alterius negotij gestionem interuertere, Laedere, Emptionem alterius interturbare, Difficiliore ac magis dispendiosam concurrendo efficere, reddere.

Nos gens-d’armes, & ceux des ennemis courent les vns sur les autres, Cocurrunt inter se milites aduersis hastis.

Courir fortune, est quand la tourmente & fortunal est sur la mer, & le nauire va à grand peril & hazard où il plaist au vent & à la fortune, Iactari tempestate. Virgil. lib. 1. Aeneid. Tempestatem marinam obire, Vlpian. l. 2. §. si non. ff. Siquis cautionib. Maris procellosi periculum obire. Liu. lib. 1. ab vrb. cond. Plin. lib. 18. c. 28. Car fortune & fortunal en mer, c’est tempeste de mer. La raison de cette maniere de parler est, parce qu’en tels fortunaulx le nauire est contraint courir à outrance & de singlée de vent & de heurtis de oules, ainsi que Virgile au 1. de l’Eneide descrit, la fortune que courut l’armée nauale d’Enée ; Estant icy le mot de fortune prins pour peril & danger abusiuement, à cause de l’incertitude de l’issuë que le nauire aura de telle tourmente. Aussi le mot de fortune est à deux enuers, & en fait de tourmente de mer se prend mal. Virgil. 1. Aeneid. Nunc eádem fortuna viros tot casibus actos insequitur. Et peu apres, Diuersa per aequora vectos, Forte sua Lybici tempestas appulit oris, où Seruius expose, Forte sua, par Casu suo, conformément à ce que Virgile dit peu apres : Quis te, nate Dea, per tanta pericula casus insequitur ?

Courir danger par tourmente de mer. Aussi dit-on, courir danger, en tout essay & emprinse de hazard, pour estre en bransle & le bon & le mauuais succez, Adire discrimen. Plin. in epist. Periculum. Cic. li. 1. de fin. & crebrò alibi. Terent. Andr. Fortunam. Liu. lib. 5. belli Pun. Et courir la fortune d’aucun, ou Courir fortune auec luy, pour se liurer à participer au bien & au mal qui luy peut arriuer de quelque entre-prinse, Omnem fortunam adire. Liu. ibid. L’Italien dit Fortuna di mare, ainsi que Vlpian en la susdite Loy 2. Tempestas marina. Et Plin. Epist. 2. lib. 5. Turbida maris tempestas.

Courir quelque escrit ou liure, est le lire couramment, & sans se beaucoup arrester à peser la diction, ne la matiere, Raptim perlegere, Percurrere legendo, Cursim legere. Plin. epist. 15. lib. 5.

Couramment, acut. aduerbe, ce qu’on dit aussi en courant, c’est legerement, isnellement & sans arrest, Cursim, comme, l’ay leu ce liure couramment, Raptim, & cursim legi, dont l’opposite est, tout bellement & posément, Sensim.

Va couramment, ou d’vne course, Curriculo abi. Plaut. Mostell. Scena 11.

En courant, est dit par aduerbe, Cursim, & par gerundif, Currendo.

Courant, m. acut. Qui court, Currens.

Coureur, m. acut. Est celuy qui court, Cursor. Mais le François en vse en blasme, disant d’vn qui ne s’arreste où il doibt & à son mesnage & besongne, C’est vn coureur, & coureuse, d’vne femme qui le fait ainsi, Cursitator, Cursitatrix, qui vont çà & là errer & vaucrer perdants le temps. Mais au plur. Coureurs sont les gents de cheual armez à la legere, qui se partent d’vne armée pour faire courses, pilleries & degasts au païs de l’ennemy, Excursores. Nicole Gilles en la vie du Roy Philippe de Valois : Tandis que le Roy d’Angleterre estoit à Poissy, & son fils à saint Germain en Laye, où ils furent par six iours, leurs coureurs gasterent & bruslerent tout le pais du Vaudegalie, &c. Et ne sont pas les mesmes que Auant-coureurs : Car ceux-cy deuancent l’armée qui marche, là où les coureurs courent aussi quand l’armée est arrestée, voyez Auantcoureur. On dit aussi coureur de Poste, celuy qu’on nomme communément Courrier, Qui equorum dispositorum cursu iter facit. Et celuy qui est addonné à ce mestier la, ainsi qu’on dit pareillement, Coureur de benefices, Qui Ecclesiastica beneficia Romam equis dispositis aduolando persequitur, ce qu’on fait sonner en mauuaise part.

Courement ou course, Decursio.

Courement hastif & soudain, Percursatio.

Courement çà & là, Concursatio.

Courement d’eau, quand elle s’escoule par ruisseaux en vn lieu, Corriuatio.

Courre, Currere, voyez Courir.

Couronne

Couronne, Alij scribunt Corone.

Couronne d’or pesant vne liure, Corona aurea librae pondo.

Couronne embellie & enrichie de pierres precieuses, Corona gemmis insignis.

Couronnes plaines ou ouurées, Coronae purae, aut caelatae. Bud.

La couronne qui estoit donnée à celuy qui premier auoit entré au rempart des ennemis, Corona vallaris.

Couronne qu’on donnoit à celuy qui premier auoit forcé le fort des ennemis, Castrensis corona.

Couronne ou chapeau de fleurs, Corona, Stemma, stemmatis, Corolla.

Couronnes entre-lassées de fleurs, Sexta sextilia.

De quoy on fait couronnes, Coronarius.

Mettre à quelqu’vn vne couronne sur la teste, Alicui coronam imponere.

Couronne de clerc, Tonsure clericale, Vertex forfice delibatus, Insigne clericale. B.

Lettres de couronne, ou autre ordre d’Eglise, Tessera sanctae iurisdictionis pontificiae, Libati nouacula verticis elogium. B.

Qui a perdu sa couronne, Sacri verticis iure minutus, vel imminutus, Rasi verticis iure, vel verticis immunitate priuatus. B.

¶ Assemblée & couronne de ceux qui voyent ioüer les ieux, ou de gens qui dansent, Chorus.

Couronner, Coronare, Redimire.

Couronneure, voyez Endouiller.

Couroye, voyez Courroye.

Couroyer, voyez Conroyer.

Courretier

Courretier, voyez Courtier. Semble qu’il vienne de Courre ou Courir, Currere : pource que telles gens courent tantost à l’vne des parties, tantost à l’autre pour moyenner.

Courrier

Courrier, m. acut. Vient de Courre, qui signifie le mesme que Coureur, & est celuy qui court la Poste. Aussi disoit-on iadis, le Coureur du Pape, pour le Courrier ordinaire de Rome, Cursor, Sueton. in Neron. c. 49. Lamprid. in Heliogab. Plaut. Pœn. Mais ces Cursores n’estoient Courriers de cheual, ains de pied, tels que sont les Peicler du grand Turc, qui sont cent Persiens qui vont sans chausses & sans souliers, mais ont la plante des pieds ferrée, & sont esratez. Lesquels ayants receu le pacquet dudit Seigneur, courent come cerfs & trop plus que les cheuaux sans reposer iour ne nuit, tant qu’ils soient arriuez où ils sont acheminez.