Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
gustave

— Messieurs, dit Gustave, je vois ici un tribunal devant lequel je comparais comme un grand coupable ; vous, messieurs qui m’avez interrogé, êtes le juge, et vous tous qui m’entourez, êtes les témoins ; jusqu’à présent tous les témoins ont déposé contre moi, en m’accusant de tous les crimes possibles, et en ont jeté sur moi tout l’odieux et la responsabilité.

Ceux qui pourraient prouver mon innocence, ont reçu la défense de parler et même de se présenter, car témoins et juge ont juré ma perte ; rien n’a été oublié et tout a été mis en œuvre pour parvenir à ce but. J’ai beau protester, en appeler à la loyauté du juge, tout est inutile, je n’obtiens que la risée et la moquerie. Enfin la sentence est prononcée, je subis la peine réservée aux criminels. Eh bien ! mesdames et messieurs, je vous le demande, cette manière d’agir est-elle en conformité avec vos principes ? Approuveriez-vous un pareil procédé ?

— Non, non, répondirent plusieurs : ce ne serait pas juste.

— Cependant, dit Gustave, n’est-ce pas ce que vous venez de faire vous-mêmes ? Ne venez-vous pas de faire le procès de l’Église catholique ? N’avez-vous pas tous déposé contre elle en l’accusant de tous les crimes ? Ne l’avez-vous pas condamnée en désirant son anéantissement ?

— Arrêtez, jeune homme, dit M. Lewis avec émotion ; nous ne sommes pas les accusateurs ou les juges dans ce procès, nous répétons seulement ce que les historiens, qui devaient savoir mieux que vous ou moi, ont écrit en exposant les faits tels qu’ils se sont passés lorsque cette Église dominait sur la plupart des nations.

— Ce que ce jeune homme vient de dire est de toute vérité, dit M. Fairman, qui jusque-là avait laissé à Gustave la tâche de se défendre ; je sais très bien que vos pères vous ont nourris, dès votre enfance, de la lecture d’écrits faits par de certains historiens ou