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grincements de dents, le désespoir et les tourments qui ne cessent de tourmenter le pécheur toute sa vie.

— Ne méprisez pas ainsi le sens des Écritures saintes, dit vivement M. Dumont, il ne faut point les tourner en ridicule.

— Comment ! qui de nous deux les a plus méprisées dans cette discussion ? Je n’ai accepté ta théorie que pour un moment, et toi, tu fais toujours parler les textes à ton gré ; tu leur donnes une interprétation bonne ou fausse suivant ton caprice ; s’il est raisonnable pour toi de les prendre au figuré, pourquoi n’est-il pas raisonnable pour moi d’en faire autant ? La même théorie ne doit pas être bonne pour toi et mauvaise pour moi : si tu peux me prouver le contraire, nous serons d’accord.

— Vous, papistes, ne connaissez pas et comprenez encore moins la Bible. Habitués dès votre enfance à croire comme article de foi tout ce que les prêtres disent, vous ne pouvez saisir le véritable sens de l’Évangile ; c’est-à-dire, vous ne pouvez discerner entre la figure et la réalité.

— Je suppose que c’est parce que vous connaissez, distinguez, comprenez et discernez si bien, que vous, protestants, êtes si parfaitement d’accord entre vous ?

— Je vois qu’il est inutile de raisonner avec un papiste. Église infâme, qui fait croire à de telles superstitions ! Ah ! il est aisé de voir son but ; elle envoie tous ses défunts dans ce purgatoire inventé pour les faire rôtir, afin d’exciter la compassion des parents et des amis, et ainsi de faire payer des messes et des prières pour le rachat ou le repos de leurs unies ! Infamie !

— Tu ne devrais pas insulter et calomnier les catholiques, parce qu’ils osent croire autrement que toi, dit madame Dumont ; il me semble au moins que tu devrais respecter cette liberté de jugement dont tu es si jaloux toi-même.

— Tous les moyens sont bons pour un homme qui se sent battu, madame, dit le vieillard avec calme ;