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gustave

arrive sur lui, il se jette de côté pour la laisser passer.

Aigle-Bleu ignore sa présence et, abrité derrière sa fascine, son tomahawk serré entre ses dents, il n’arrête pas.

— Halte ! lui dit tout à coup M. Pepin en se levant.

Aigle-Bleu, surpris, se lève et saisit son tomahawk pour terrasser son adversaire qu’il a reconnu ; mais il est trop tard, le nœud coulant est déjà passé sur ses épaules, et ses bras sont fortement serrés contre son corps.

M. Pepin, debout, frémissant, le tire violemment et le jette par terre ; Aigle-Bleu tombe, et le second nœud coulant a lié ses pieds avec une force et une dextérité inouïes.

Alors M. Pepin saisit son pistolet, ajuste Aigle-Bleu en pleine poitrine et lui dit :

— À ton tour tu es mon prisonnier, pas de résistance et surtout pas de bruit, ou c’en est fait de toi.

Puis, passant la corde autour de ses épaules, il l’entraîne vers la porte du fort.

Au même instant, des clameurs épouvantables se font entendre ; plusieurs sauvages se précipitent pour porter secours à leur chef, c’est à qui d’entre eux arrivera le premier ; mais notre Canadien, qui n’est plus qu’à quelques pas de la porte du fort, semble ne pas voir le danger qui le menace ; les flèches sifflent autour de sa tête, mais il avance toujours en traînant son prisonnier.

Deux sauvages sont tout près de lui, le tomahawk levé pour lui fendre le crâne ; alors seulement il se retourne, ajuste son agresseur et l’envoie rouler sur l’herbe ; le second arrive et subit le même soit.

Les autres, en voyant tomber leurs frères, arrêtent et hésitent. M. Pepin en profite et entre dans le fort au milieu des « hourras » et des exclamations de joie des officiers et des soldats qui sortaient en ce moment pour lui porter secours.

— Voilà qui est bien fait, dit le commandant ; ces