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table, et leur demande comme une faveur de lui faire le récit de leurs aventures.

— Je laisse la parole à mademoiselle, dit M. Pepin.

Emily commence son récit par le départ de sa famille d’Angleterre, sa tendresse pour ses frères George et Arthur, les jours heureux qu’ils avaient passés ensemble ; elle parle aussi de Gustave en termes chaleureux, et elle ajoute :

— Un dimanche matin, je venais de monter à cheval et j’attendais le signal du départ de notre caravane, lorsque tout à coup je me sentis soulevée en l’air et comme emportée par le vent : je gardai cependant ma connaissance et j’essayai de maîtriser mon cheval ; mais tout fut inutile. Quelques secondes après, mon ravisseur se lançait dans la rivière Platte et je m’évanouissais.

« Combien de temps je fus en cet état, je ne pourrais le dire : cependant un temps assez long a dû s’écouler, car lorsque je repris mes sens, j’étais couchée dans une tente ; une jeune Indienne était à côté de moi et me prodiguait les soins les plus tendres.

« J’essayai de parler, mais ma faiblesse était trop grande, une maladie grave s’ensuivit, je fus plusieurs fois sur le point de mourir, et quoique je fusse au lit et incapable de me lever pendant longtemps, cette jeune Indienne me donnait toujours les mêmes soins : on aurait dit une mère veillant sur le berceau de son enfant.

« Mon ravisseur, un jeune chef, du nom de Aigle-Bleu, venait souvent me voir et s’enquérir de mon état. Je pus alors juger de son dessein ; je remerciais Dieu de ma maladie et je lui demandais de me laisser mourir plutôt que de me faire subir un joug aussi odieux.

« Trois mois se sont à peine écoulés depuis que j’entrai en convalescence ; je la vis venir avec frayeur et regret. Durant les promenades que je faisais avec Indianola, nom de cette jeune Indienne, j’appris que