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gustave

août prochain, c’est-à-dire dans quinze jours ? Que faire ?… Ne dois-je pas plutôt me rendre au fort Leavenworth pour aller joindre mon père ?

Une pensée subite le fait pâlir de nouveau.

— Et si ma bonne grand’mère mourait. Mon Dieu ! mon Dieu ! que faire ?

Aussitôt il entend comme une voix qui lui dit : « Va à Montréal, c’est là que tu dois aller : tes vieux parents t’attendent. »

Gustave, troublé, reprend sa marche vers la rivière, sans trop savoir ce qu’il allait faire. Ne sachant que décider, il a recours à la prière et demande à Dieu de l’éclairer.

Et cette même voix lui répond :

« Tu dois aller voir tes parents à Montréal. »

Qu’est-ce que cela veut dire ? pense-t-il, cependant… Ah ! j’oubliais : le commandant du fort Leavenworth m’a dit que la première caravane pour le fort Laramée ne partait que le 25 septembre, que vais-je faire d’ici à cette date ?… Encore deux mois à attendre… deux mois que je pensais passer auprès de ma mère et de ma sœur, et me voilà seul… seul dans cette ville. Je pourrais bien retourner auprès de M. Lewis… mais non… Mon Dieu, mon Dieu, que faire ?

Et toujours cette même voix lui dit :

« Va à Montréal voir tes vieux parents. »

Absorbé par ces pensées pénibles, il s’était arrêté en face d’un vapeur en train départir pour Cincinnati.

Instinctivement il monte à bord.

À peine a-t-il mis le pied dans l’escalier conduisant à la cabine des passagers, qu’une pensée le saisit et le fait reculer.

— Que vais-je faire ? se dit-il, je n’y pense pas. Je n’ai pas l’argent nécessaire pour le voyage jusqu’à Montréal, et une fois rendu à Cincinnati il ne me restera pas un sou. Non, je vais suivre ma première résolution, je vais retourner au vapeur « Lucy » pour me Tendre au fort Leavenworth, et puis, là… s’il