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gustave

de M. Lewis vint le chercher pour une affaire très importante.

— Je suis forcé de vous quitter à l’instant, dit M. Lewis en s’adressant à Gustave ; j’aurais aimé vous voir bien installé à bord du vapeur, mais je vais vous donner de l’argent pour le voyage, et il tira son porte-monnaie.

— Excusez-moi, monsieur, dit Gustave, les paupières humides ; j’ai l’argent qu’il me faut pour faire mon voyage.

— En êtes-vous bien certain ?

— Oui, monsieur.

— Alors je vous souhaite un bon voyage et surtout un prompt retour avec votre père. Lorsque vous serez arrivé, comptez sur moi : je n’ai pas oublié ma promesse à votre égard.

— Et moi votre bonté, noble bienfaiteur. Je…

— Assez, mon cher Gustave, dit M. Lewis, en lui serrant les deux mains, et il ajoute avec émotion : Au revoir, à bientôt.

— Comptez sur moi ; ne dites pas à ma mère et à…

— Ne craignez rien ; elles sauront tout lorsque vous serez de retour.

Puis, M. Lewis serra de nouveau la main de notre héros, et ils se séparèrent.

Gustave prend aussitôt la direction de la levée. Chemin faisant, il passe près du bureau de poste. Il y entre et demande s’il y a des lettres à son adresse.

Le commis lui en remet une qu’il s’empresse d’ouvrir.

— Une lettre de Montréal, dit-il joyeusement, et datée de la semaine dernière. Mais à peine a-t-il lu quelques lignes qu’une pâleur mortelle lui couvre la figure.

— Ma bonne grand’mère très malade, dit-il, et elle craint de mourir avant de me voir ; elle me supplie de ne pas oublier ma promesse ; et, en effet, n’ai-je pas promis d’aller voir mes bons vieux parents le 6