Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
gustave

surpris de ton peu de mémoire. Dans les trois versets que tu viens de lire, tout homme intelligent ne voit qu’un seul commandement, et ce commandement, l’Église catholique te l’a enseigné à toi comme à ses autres enfants.

— Je suppose, reprit M. Dumont avec feu, que vous voulez justifier le culte d’adoration que votre Église vous fait rendre aux images et aux statues des saints qui remplissent vos églises et vos demeures ?

— Garde ton sang-froid, dit le vieillard avec calme, et tu comprendras que je ne veux en aucune manière justifier le culte d’adoration que, d’après toi, nous rendons aux saints. Au contraire, je nie complètement que nous adorions les saints ; le catholique n’adore que Dieu seul. Tu as été longtemps catholique, réponds franchement, as-tu adoré des saints ou des images ?

— Je n’ai pas adoré des images, moi, mais les catholiques ignorants ne connaissent pas la différence qu’il y a entre le culte qu’ils rendent à Dieu et celui qu’ils rendent aux images et aux statues devant lesquelles ils se prosternent.

— Tu me surprends de plus en plus, dit le vieillard avec dignité, tu parlais avec plus d’intelligence à l’âge de dix ans. Demande donc à l’enfant catholique le plus ignorant s’il adore les images, les statues on même le crucifix ; sais-tu ce qu’il te répondra ? il rira de toi d’abord. Il te demandera ensuite si tu as appris ton catéchisme et si tu crois en Dieu. Voyons, sois franc, réponds donc clairement à ma dernière question, t’avons-nous enseigné à adorer les images ou les saints ?

— Non, j’en conviens, cependant Dieu, par ce deuxième commandement, défend même de faire des images taillées ou aucune ressemblance de qui ou quoi que ce soit ; et l’Église romaine l’a effacé complètement, de peur de se compromettre ou d’être confondue par ses propres adhérents.