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— Vous condamnerez alors notre divin Sauveur qui a lavé et baisé les pieds de ses apôtres pendant qu’il était à genoux devant eux, dit Gustave.

— Et les Anglais adorent-ils la reine lorsqu’ils s’agenouillent devant elle pour lui présenter leurs hommages ? ajoute M. Pepin.

— Les Anglais sont pourtant des protestants, dit Gustave en souriant.

— Et le fait de s’asseoir sur un trône pour recevoir les hommages de ses sujets, reprend M. Pepin, rend cette reine coupable d’un grand crime, puisque, d’après vos dires, cet acte seul suffit pour s’arroger le titre de Dieu.

— Non… vous ne comprenez pas, dit M. Dumont avec embarras ; je… je veux… C’est par orgueil que le Pape agit ainsi, et les catholiques sont coupables en s’agenouillant devant lui pour lui rendre ce culte de vénération, je dirai presque d’adoration…

— Je nie ce fait, dit M. Pepin ; si le catholique s’agenouille devant le Pape et lui baise les pieds quelquefois, c’est pour lui rendre les honneurs et le respect dus au vicaire de Jésus-Christ, au successeur de saint Pierre, et non à l’homme, comme vous le prétendez, encore moins pour l’adorer. De plus, si le Pape reçoit ces honneurs, c’est qu’il est obligé de se conformer à la discipline et aux cérémonies prescrites par l’Église dont il est le chef, tout comme la reine d’Angleterre lorsqu’elle agit officiellement.

— Et j’ajouterai, dit Gustave, que le Pape est presque toujours le plus humble des sujets de l’Église. Il aime à s’appeler le « serviteur des serviteurs de Dieu ; » ce n’est pas s’arroger le titre de Dieu que d’agir ainsi. Allez dans la chambre de Pie IX, vous n’y trouverez pas le moindre tapis sur le parquet, à peine y verrez-vous un lit ou une chaise commode ; le plus pauvre l’approche aussi bien que le riche. Il se fait un devoir de remplir les mêmes obligations que tout autre catholique, il se confesse à un prêtre comme