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gustave

entre avoir plusieurs femmes et n’en avoir qu’une à la fois ?

Personne ne répond.

— Répondez donc, reprend M. Pepin. Même silence.

— Si vous ne voulez pas répondre à ma dernière question, vous allez me dire au moins où se trouve la confusion. J’affirme qu’elle existe dans le protestantisme, que là est cette Babylone de l’Apocalypse et non dans l’Église catholique, dont la doctrine, la croyance et les cérémonies sont partout les mêmes.

— Vous vous trompez, monsieur, dit M. Dumont ; saint Jean dit clairement dans son Apocalypse que le chef de cette Babylone s’assoira sur le trône de Dieu et se proclamera comme tel. Nous ne voyons rien de tel dans le protestantisme, il n’y a que le chef de l’Église romaine, c’est-à-dire le Pape, qui agit ainsi.

— C’est bien clair, dit M. Williams, cette Babylone est l’Église romaine.

— Quand avez-vous vu le Pape monter sur le trône de Dieu et se proclamer comme tel ? demande Gustave.

— Plusieurs fois dans l’année, répond M. Dumont ; à la fête de saint Pierre, par exemple, tous les catholiques s’agenouillent devant lui et lui baisent les pieds.

— Monte-t-il sur le trône de Dieu pour cela ? dit M. Pepin.

— Non, pas directement, il est vrai ; cependant le trône qu’il occupe est placé au niveau de l’autel, à la même hauteur que le tabernacle.

— Et je suppose qu’une fois sur ce trône élevé, le Pape se fait passer pour un Dieu. C’est ce que vous prétendez, n’est-ce pas ?

— Les hommages qu’il se fait rendre ne sont dus qu’à Dieu, dit M. Williams.

— C’est cela, ajoute M. Dumont ; on ne doit pas s’agenouiller devant un homme pour lui baiser les pieds ; c’est un acte d’adoration.

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