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— Non, non, dirent plusieurs, vous ne prouverez jamais cela.

— Ma preuve ne sera pas aussi difficile à faire que la vôtre. Je dis qu’il y a confusion dans le protestantisme, et elle y est tellement grande que Dieu seul peut la découvrir dans son entier.

— Je suppose que vous voulez parler des sectes nombreuses qui forment le protestantisme, dit M. Dumont ; les petits différends qui existent entre elles ne sont pas assez grands pour appeler cela de la confusion.

— De petits différends, dites-vous ? Vous n’êtes pas sérieux. Et moi, je vous dirai que le protestantisme n’a pas même de doctrine arrêtée, pas de croyance déterminée, comme l’a dit si bien un illustre évêque. Il proteste, voilà tout. En effet, qu’est-ce qu’une secte protestante ? Chacun de ses membres ne peut-il pas, en vertu du libre examen, se regarder comme absolument indépendant, et briser l’unité factice du groupe auquel il est censé appartenir ? Voilà pourquoi nous voyons autant de religions que de sectes, autant de sectes que de têtes, autant de caprices et de croyances que d’interprètes. N’en êtes-vous pas la preuve vous-mêmes ? Ne vous permettez-vous pas des discussions sur telle ou telle doctrine ? Êtes-vous toujours d’accord ? Non : j’ai vu moi-même de vos frères sortir de votre temple en jurant de n’y plus mettre les pieds.

— J’en conviens, dit M. Williams, mais cela ne prouve pas la grande différence qui, selon vous, existe entre les sectes protestantes.

— Je vais vous satisfaire ; j’aimerais cependant pouvoir vous nommer toutes les sectes qui composent la grande Église protestante ; mais je ne le puis, vu que la statistique d’aujourd’hui ne serait pas bonne demain. J’en nommerai cependant quelques-unes, et vous serez forcés de convenir qu’il existe une grande différence entre elles. D’abord, l’Unitairien nie la