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cependant je n’ai jamais entendu mon grand’père ou les catholiques de la société vilipender la religion de leurs frères séparés ; jamais ils n’ont parlé d’anéantissement ou d’extermination comme vous venez de le faire. C’est que notre religion, que vous taxez de haine et d’hypocrisie, n’enseigne et n’approuve pas ces choses ; étant toute d’amour pour Dieu et de charité envers le prochain, au lieu de calomnier et de détester, elle plaint nos frères séparés et prie Dieu pour eux. Excusez-moi, messieurs, si j’ai dit quelque chose qui puisse vous offenser.

— Tu n’as offensé personne, dit madame Dumont. Ce qui me surprend, ajouta-t-elle avec émotion, c’est d’entendre un tel langage de la bouche d’un homme qui se prétend ministre de Jésus-Christ. Ce n’est pas par l’injure et la calomnie que l’on convertira mon fils.

M. Dumont, rouge de colère, ordonna à Gustave de monter à sa chambre.

Plusieurs des ministres, vivement impressionnés de la justesse de la réplique de Gustave, étaient forcés de s’avouer à eux-mêmes que cet enfant avait raison. Cependant, lorsque, une heure plus tard, ce même ministre faisait la prière et demandait à Dieu d’éclairer ce jeune homme qui se traînait dans la fange et les égouts de Rome, ils s’écrièrent tous : Amen ! Amen !

Vous aurez beau vous exclamer, messieurs, de telles prières, entremêlées de mensonges et de calomnies, ne montent jamais plus haut que le plafond de l’appartement où elles se font, et elles se perdent avec l’écho que produit le son de si vaines paroles.

Est-ce ainsi qu’il faut pratiquer cette charité chrétienne que la Bible nous commande ? Jésus-Christ, qu’il nous faut suivre et imiter, nous a-t-il dit que le catholique n’est pas notre prochain, que nous pouvons l’injurier et le blesser dans ses opinions par des calomnies ou des menaces ?… S’il est dans l’er-