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— Tu ne nieras pas, j’espère, qu’il y a des curés très riches, qui ont amassé leurs biens à même cette dîme payée par leurs paroissiens.

— J’en conviens ; cependant il y en a beaucoup, je dirai même la grande majorité, qui emploient le surplus que leur procure cette dîme, non pas parce qu’elle est exorbitante, ou qu’elle obère ceux qui la paient, mais provenant de la fertilité des terres et l’aisance qui en résulte pour ceux qui les possèdent, qui emploient ce surplus, dis-je, à secourir les pauvres de leur paroisse, ou bien à orner l’église et le presbytère, propriétés de ceux qui paient cette dîme ; ou bien encore à doter leur village ou quartier d’écoles et de couvents destinés à l’éducation des enfants de leurs paroissiens. Ici, fait-on la même chose ? À quoi applique-t-on cette dîme si élevée ?

— On l’applique dans un bon but, c’est celui d’entretenir et d’envoyer des apôtres et des missionnaires dans toutes les parties du monde pour prêcher le saint Évangile.

— Prêcher le saint Évangile, répète Gustave ; mais, cher père, le capitaine qui a conduit notre caravane vous a dit lui-même qu’il avait fait son voyage, grâce aux contributions des nouveaux convertis. J’ai vu aujourd’hui même comment on employait une partie de cette dîme. Écoutez bien : c’est pour bâtir des moulins au prophète, et lui faire des lieux de repos où il installe ses nombreuses femmes qu’il va voir de temps à autre ; et vous venez de contribuer à cette œuvre par l’argent que vous avez donné. Pensez-y bien, et vous verrez plus tard que je dis la vérité.

M. Dumont, pensif, ne répondit pas, et se mit à ramasser et mettre en place les vêtements et le linge éparpillés sur le parquet.