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du matin, la caravane atteignit le sommet sur les deux heures de l’après-midi.

Alors tout le monde oublie sa fatigue, et pousse un cri d’admiration à la vue du magnifique panorama qui se déroule devant les yeux.

Aussi loin que l’on peut voir, de quelque côté que l’on regarde, sont de hautes montagnes au pied desquelles s’étendent de belles vallées luxuriantes et resplendissantes de verdure. Au milieu de ces vallées, coulent des ruisseaux limpides ou de jolies petites rivières, tous bordés d’herbes aux couleurs riches et variées. Plus loin, une foule de petits lacs ressemblent à autant de nappes d’argent, tant leurs eaux sont claires et tranquilles.

L’œil ne se lasse point de regarder ; l’air plus pénétrant et plus pur dilate les sens, dispose aux émotions de l’intelligence, et l’âme, s’élevant avec la pensée, grandit et plane librement ; elle voit tout, embrasse tout en admirant les grandes œuvres du Créateur qui a si bien orné la nature dans cette contrée.

Chacun voudrait fixer sa demeure sur ce sommet, mais il faut continuer la route, et nous le quittons à regret.

— Voici qu’il va falloir descendre encore, dit Gustave. Ainsi va le monde, aujourd’hui en haut, demain en bas ; pourvu que l’on finisse par monter, ça ira bien.

Les wagons arrivent à la descente ; il faut enchaîner les roues de nouveau et prendre les mêmes précautions que la veille ; le soir, on forme le camp à l’entrée d’un ravin qu’il faut suivre dans toute sa longueur le lendemain.

Ce ravin, long de quatorze milles, est bordé de chaque côté par de hautes montagnes qui s’élèvent, à plusieurs endroits, à plus de mille pieds de hauteur ; au milieu coule un gros torrent dont l’eau se précipite de chute en chute, en faisant un si grand bruit que l’écho frappe les parois des montagnes et ne se perd qu’à l’une ou l’autre des extrémités.